|
Peux t'on estimer le niveau d'un joueur en le regardant jouer ? par KingCarl le
[Aller à la fin] |
| Actualités | |
En regardant un joueur jouer sans voir la qualité de ses coups, pouvez-vous dire si c'est :
- un joueur faible +ou- 1200 Elo
- un joueur moyen +ou- 1650 Elo
- un joueur fort +ou- 2100 Elo
- un joueur pro +ou- 2550 Elo
Et si oui, sur quel détail vous basez-vous ?
|
|
Sans voir la qualité des coups ?
Du coup sur quoi se base l’estimation ?
Je n’ai pas compris la question.
|
|
Sur tout le reste.
Sur tout ce que l'on peut percevoir en le regardant joué.
Sur la marnière de :
- bouger ses pièces
- prendre les pièces adverses
- d'appuyer sur la pendule
- regarder l'échiquier
- regarder son adversaire
- se tenir assis
- laisser transparaitre ou pas ses émotions
- la réaction après une victoire, une défaite
- ...
|
|
Ah ça…
Non.
Tu peux faire la différence entre un débutant et un joueur expérimenté, qui en général a des réactions moins spectaculaires, il ne regarde pas son adversaire ( sauf Abdusatorov) car c’est considéré comme incorrect, il manie bien les pièces, mais à ce niveau tu ne peux pas savoir s’il a 1900 ou 2500.
Les gars qui déplacent le mieux les pièces, ce sont les joueurs qui jouaient de l’argent dans les cafés au temps jadis, mais ça ne dit pas grand chose de leur niveau.
Et puis tu as parfois des forts joueurs qui ont des réactions de débutants comme Carlsen récemment contre Gukesh.
|
|
J'ai posé la question à MVL qui regardait un de mes blitz (il ne me connaît pas).
Il me répond "je ne sais pas trop, mais moins de 2000, c'est sûr" [je suis 1950 ;-) Et bim pour l'égo !]
Je lui demande sur quoi il se base.
J'ai un fou en b2, un pion en d4, rien d'autre sur la diagonale (le roi en g8). Les noirs ont un pion en c5. Je joue un coup random.
Il me dit "je ne peux pas concevoir qu'un 2000+ ne prenne pas en c5 instantanément sans réfléchir..."
Un ange passe. :-D
Sur la façon de déplacer les pièces, une anecdote que j'ai déjà raconté ici :
Lors d'un open, tard le soir, analyses et blitz sur la table de camping. Autour de la table, 3 titrés, un 22xx, moi-même et un gars 16xx que je ne connais pas bien.
Il me dit "j'adore comment tu joues". Moi, flatté, mais circonspect relativement aux forces en présence.
Aprés éclaircissement, il ne s'agissait pas de la valeur de mes coups, mais de la façon de déplacer les pièces...
Bon, cool quand même, je prends ! ;-)
|
|
@yegonzo
J'approuve, le style c'est important !
De la même manière des amis, non joueurs, qui regardaient un tournoi de Blitz de vacances étaient "impressionnés" par la dextérité des joueurs, surtout des enfants, nombreux.
Sinon, il y a l'anecdote d'Alekhine qui, défié par un inconnu, lui proposa alors une partie avec un handicap matériel. Le présomptueux protesta du fait que le champion ne le connaissait pas. Et Alekhine de répondre quelque chose du genre : "C'est bien parce que je ne vous connais pas que je peux me le permettre !"
Mais globalement, je dirais non. J'ai vu des joueurs confiants qui ne connaissaient que très mal ce qu'ils jouaient et d'autres apparament très anxieux qui maîtrisaient leur sujet ; et vice versa.
(Par contre, l'impression de confiance, même feinte, d'un joueur peut influencer son adversaire, à tort. Je crois souffrir de ce défaut.)
|
|
C'est un sujet intéressant, et un travail que l'actrice "débutante" a dû apprendre à faire pour paraître "championne du monde" dans la série du Jeu de la Dame. Effectivement à partir de je dirais 2000, la gestuelle echiquéenne me semble "mature" mais on trouve certainement des exceptions à tous les niveaux, peut-être même des GM qui semblent pas GM, par exemple jeter le roi adverse après une victoire (semi blague, je pensais à d'autres mais clin d'oeil d'un fait très actuel). En NII on peut sentir souvent cette "aura" qui sépare le premier échiquier pourtant souvent "que" MI, des échiquiers plus bas. Dans les forts open on sent cette attitude du GM rien que dans son attitude, une sorte d'aura je dirais.
|
|
@arkhein : il me semble que ce sont des projections !
Certes certains joueurs sont plus impressionnants. Jeune je trouvais qu’Haïk par exemple était impressionnant chez les Français. Lautier aussi était impressionnant : avant une partie importante il irradiait la nervosité et l’énergie, la volonté de gagner.
Bernard Huguet m’a parlé de Fischer qu’il a côtoyé en 1968, un personnage impressionnant de présence .
D’autres en revanche sont très normaux : Karpov n’a aucun charisme par exemple, si on te dit que c’est un 1700 au milieu d’un grand open, personne ne va s’offusquer. Kasparov ( qui fait pas mal de cinéma)n’est pas non plus impressionnant sauf quand il est concentré à fond : là on sent que ça travaille !
Pour avoir vu la génération Carlsen de près je dirais que très peu sont impressionnants. Juste des gens qui semblent assez standards. Le seul qui fait des cinéma est Abdusatorov, mais il le fait plus comme un poussin qui veut impressionner son adversaire « physiquement ».
Sur le deuxième point, le toucher de pièces, là ça ne peut pas se travailler ( c’est un des points faibles de la série à mon avis) il faut avoir passé des milliers d’heures à blitzer pour avoir une bonne dextérité, faute de quoi l’illusion n’est pas possible. Il faudrait aller tous les après midi au Luxembourg pendant deux ans pour avoir le niveau !
|
|
Bien sûr, il y aura toujours des exceptions qui se démarqueront des tendances générales.
Le joueur s'écroule en sanglots sur la table de jeu après avoir perdu sa partie :
Un petit-poussin qui vient de perdre sa première partie ?
Non, c'est Ivantchouk l'un des joueur ayant la plus grosse expérience échiquéenne actuellement.
Ma question était de savoir si il était possible d'avoir une lecture un peu plus fine que : c'est un joueur débutant/un joueur expérimenté.
|
|
En même temps, voir les coups est indissociable de voir la manière de les "asséner" non ?
Il y a aussi un autre élément important : la vitesse à laquelle ils sont joués (voir remarque Mvl à yegonzo).
Certains coups doivent être joué vite, certains coups demandent réflexion et calcul au contraire -et qui les jouerait trop vite soit joue au hasard et n'est pas si fort, ou bien est un peu "aidé" - c'est un critère primordial pour soupçonner une triche ou évaluer la force d'un joueur.
|
|
Pour ma part j'ai remarqué que les joueurs très forts ( > 2100 elo) ont tendance à ne montrer aucune émotion sur le visage lorsqu'ils jouent un coup leur donnant un gros avantage contre moi ( gain net d'un pion par exemple) .
Au contraire les joueurs de mon niveau , ou plus faibles, avant de jouer, se mettent à gigoter sur leur chaise, à respirer plus vite, à jeter des regards perdus entre l'échiquier et la pendule.....lorsqu'ils voient un coup gagnant ...
Je ne me suis jamais observé moi même durant une partie, mais je ne pense pas rester marmoréen quand des événements importants surgissent sur l'échiquier ( gain ou perte d'une pièce) et je dois être un livre ouvert pour un fort joueur habitué aux compétitions.
|
|
Il me semble qu'une gestuelle affirmée dans son style (quel que soit le style, en souplesse ou plus brut, à la Nihal Sarin) révèle de la confiance, et par la même généralement des forts joueurs.
Personnellement j'ai l'impression de ne pas avoir de style à ce niveau, ma manière de déplacer les pièces étant plus dictée par le rythme et ma perception de ce qu'il se passe sur l'échiquier.
|
|
J'ai dû être un beau spectacle la dernière fois que j'ai joué.
Première partie du premier tournoi de rapide depuis des lustres, mon adversaire a les Blancs, il joue son coup : 1.e4
Je touche mon pion e.
Je voulais jouer d6.
Je reste bloqué (mais ça va vite quand même).
Je lève la tête, il me regarde d'un air de demander si je n'ai jamais vu un pion.
Je le garde en main... J'ai joué 1.e5 pour la première fois de ma vie.
Le tout a duré 3 ou 4 secondes, maximum.
Je ne sais pas trop si j'avais complètement l'air d'une poule devant un couteau, mais j'ai ressenti pendant quelques instants une détresse comme j'en ai rarement ressenti.
J'ai perdu, mais mon adversaire a bien joué, enfin, surtout mieux que moi.
(Après on dira que les échecs ne sont pas une activité dangereuse pour ceux qui la pratique^^)
|
|
Pour rebondir au message d'ArKheiN
Supposons que vous soyez embauché comme conseiller technique par la super production hollywoodienne qui va tourner la suite de The Queen's Gambit.
Votre rôle :former l'actrice principale qui n'a jamais joué aux échecs pour qu'elle soit crédible à l'écran comme chalenger du champion du monde.
Quels seraient vos principaux conseils et recommandations ?
|
|
Ah ?? un film se prépare sur le jeu d'échecs suite au succès de la série "the queen's gambit " sur Netflix ??
J'ai beaucoup aimé la série , l'actrice qui joue Elizabeth Harmon est excellente et a sans doute beaucoup contribué au succès de la série ....
mais je dois avouer que la trouve très flippante, inquiétante même lorsqu'elle regarde quelqu'un, pour ne pas dire effrayante !!
en un mot , elle me ferait très très peur si je devais jouer une partie d'échecs contre elle, l'hiver , la nuit tombée, devant un feu de cheminée , dans un chalet isolé en montagne...
Je dirais qu'une actrice (ou un acteur) est d'autant plus crédible qu'elle n'imite (ou ne mime) pas la réalité quotidienne , mais plutôt qu'elle projette un archétype qui interpelle l'imaginaire du public (Eva Green dans le rôle de la femme fatale dans James Bond est parfaite !).
A mon sens l'actrice choisie pour le rôle devrait aller se promener plusieurs fois dans un grand tournoi international , pour regarder, observer, examiner, scruter, une multitude de joueurs et de joueuses devant l'échiquier...
Son don d'actrice pour jouer un rôle de composition lui permettra alors de faire une synthèse crédible à l'écran ...
|
|
|