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Représentations du jeu d'échecs en littérature, au cinéma ou dans les Arts par Ducouloir le  [Aller à la fin] | Actualités |
Il s'agit d'indiquer, au fil de vos lectures, de vos expériences de spectateur au cinéma ou au musée les œuvres mentionnant le jeu d'échecs. Elles sont nombreuses, et parfois ses mentions sont pour nous absolument inattendues.
Un tel travail de collecte aurait deux avantages. Le premier, de nous indiquer des œuvres que nous ne connaissons pas ou pas encore, le second, de fournir à d'éventuels chercheurs un ensemble de références probablement introuvable ailleurs, du moins en français.

Autant commencer avec une référence provenant du roman de Joseph Roth, La Marche de Radetsky (1932), I,1 :

"Le capitaine Trotta avait été séparé de sa longue lignée de rustiques ancêtres slaves. Une race nouvelle commençait avec lui. Les années se succédèrent, rondement, comme une roue qui tourne, régulière et paisible. Conformément à son rang, Trotta épousa la nièce – laquelle n’était plus très jeune, mais avait du bien – de son colonel, la fille d’un préfet de Bohême occidentale. Il engendra un fils, goûta la régularité d’une saine vie militaire dans une petite garnison, gagnant tous les matins, à cheval, le terrain d’exercice, faisant tous les après-midi sa partie d’échecs au café, avec le notaire, s’acclimatant dans son grade, son état, sa dignité et sa gloire. Il avait pour le métier militaire des dons moyens dont il donnait chaque année, lors des grandes manœuvres, des preuves moyennes. Il était bon époux, méfiant à l’égard des femmes, hostile au jeu, bougon, mais équitable dans le service, ennemi acharné de tout mensonge, de toute conduite efféminée, de toute lâcheté indolente, de toute verbosité laudative et de toute frénésie ambitieuse."

Et quelques pages plus loin :

"Le capitaine lui tourna le dos. La colère le secouait comme la tempête un faible arbrisseau. Il rentra vite à la maison, son cœur palpitait. C’était l’heure de sa partie d’échecs. Il décrocha son sabre, boucla son ceinturon à sa taille, d’un geste hargneux et violent, et quitta la maison à grands pas farouches. Celui qui l’aurait vu alors aurait pu croire qu’il s’en allait assommer une bande d’ennemis. Au café, après avoir perdu deux parties sans desserrer les dents, quatre profonds plis barrant son front étroit et pâle sous ses cheveux rudes et courts, d’une main furieuse, il renversa les pièces tintantes et dit à son partenaire :

– Il faut que je vous demande conseil !"


ins3322, le
une valve de miroir




Perceval sera l'occasion de multiples retrouvailles. D'abord l'anticipation (1204 !) d'une scène familière aux lecteurs du forum : thierrycatalan et son citrine (http://expositions.bnf.fr/arthur/antho/43/05.htm).

Mais le Perceval de Chrétien de Troyes, outre la scène où Gauvain se sert d'un échiquier comme d'un bouclier, est aussi l'occasion à un joueur d'échecs aussi connu que controversé d'exercer ses talents véritables : http://books.google.cz/books/about/Perceval_ou_le_Roman_du_Graal.html?id=wZ1SAAAACAAJ&redir_esc=y


atms, le
Ducouloir, je te conseille vivement le site suivant :

Lignes d'échecs




Chemtov, le
Et bien sûr, le célèbre site : http://www.chessgraphics.net/


ins3322, le
Une filmographie


ins3322, le
Ah...
Souvenirs souvenirs...
1984


Chemtov, le
Arbitre ! Ils jouent sans noter les coups !

Moi, je préfère la combinaison de Vaganian-
Planinc (déjà discutée ici avec Erony) : http://www.youtube.com/watch?v=stX4ArptoNM


kaktus, le
Dans "un homme très recherché", il y a un certain Karpov qui expédie une partie, mais c'est contre une femme, je sais pas si ça compte.


ins3322, le
@Chemtov
Dans ta vidéo non plus ils notent pas les coups!
C'est fou ça, j'avais pas remarqué!
Sinon en beauté pure, il me semble que la combinaison finale dans "La défense Loujine" surpasse les deux qu'on a données.


ins3322, le
ici
Je ne la trouve pas en vidéo :-(


Chemtov, le
Oui, oui, je la connais. Mais je préfère Vaganian-Planinc qui est une vraie partie et qui commence bien avant la position présentée dans le film.


Chemtov, le
@Seingalt : ça m'a inspiré... Je suis en train d'écrire un article sur ces positions, reproduites dans ces films célèbres.


ins3322, le
"A la recherche de Bobby":

Partie finale.
Trait aux Noirs:


Joli aussi :-)





Je ne donne pas le nom du film mais voici un extrait où on voit furtivement plusieurs fois un échiquier :
à 1:51, à 1:55, à 1:59, à 2:07 et à 2:17

Je crois qu'il n'y a que les joueurs qui peuvent remarquer sa présence ;)




Je viens de revoir "La fugue" (Night moves) 1975 d'Arthur Penn.

Il y a une scène où Gene Hackman analyse une vieille partie où les noirs loupent un sacrifice de Dame qui mate.

C'est sur un échiquier de voyage donc on ne voit pas trés bien mais il semble que la position est correcte.


kaktus, le
A ne pas confondre avec "night moves" sorti en 2013 qui ne contient ni partie d'échecs, ni intérêt.

Juste pour que les explorateurs ne s'égarent pas sur des voies sans issue :)


Chemtov, le
http://www.chessgames.com/perl/chessgame?gid=1277182
Night moves et Knight moves !


Quelle culture Chemtov!


Chemtov, le
Et cela va plus loin ! En fait, je connais cela aussi par un sujet sur les différents jeux de mots possibles sur knight et night en anglais...



ins3322, le
:Les Echecs au féminin...

Là c'est sûr les gars... on est dépassés... :-)


ins3322, le
Tableaux d'Echecs

La vidéo associée


Chemtov, le
Le site de Tantale de nouveau en ligne ??
http://www.jmrw.com

Super !!


"A Olympia Hall, à Londres, où les premiers volontaires français étaient réunis, les jeunes filles et les dames de la bonne société anglaise venaient nous faire un brin de causette. L'une d'elles, une ravissante blonde en uniforme militaire, fit avec moi d'innombrables parties d'échecs. Elle semblait bien décidée à remonter le moral des pauvres petits volontaires français et nous passâmes tout notre temps autour de l'échiquier. C'était une excellente joueuse et elle me battait chaque fois à plate couture, me proposant aussitôt une autre partie. Après dix-sept jours de traversée, passer son temps à jouer aux échecs avec une très belle fille, alors qu'on meurt d'envie de se battre, est une des occupations les plus énervantes que je connaisse. A la fin, je préférai l'éviter, et la regardais de loin se mesurer avec un sergent d'artillerie, lequel finit par devenir aussi triste et aussi abattu que moi. Elle était là, blonde et adorable et, avec un petit air sadique, elle poussait ses pièces sur l'échiquier. Une vicieuse. Je n'ai jamais vu une fille de bonne famille faire plus pour démolir le moral de l'armée."

Romain Gary, La promesse de l'aube, chapitre XXXV


"Le Père Adam, grand joueur d'échecs, faisait chaque jour la partie de Voltaire. « Ce Père, disait celui-ci, n'est pas le premier homme du monde, mais il entend très bien la marche de ce jeu. » Quand le religieux gagnait, Voltaire renversait l'échiquier. « Passer deux heures à remuer de petits morceaux de bois ! criait-il. On aurait fait une scène de tragédie pendant ce temps-là. » Quand il gagnait, il finissait la partie."

A. Maurois, Voltaire, XIV, La vie à Ferney


Dans la veine Romain Gary, dans la Nuit sera calme, entretien avec François Bondy :

F.B.: Pourtant tu aimais beaucoup gagner au échecs autrefois...
R.G.: Oui, au temps du bon vieux maître docteur Tartakower, à Nice. Il y a quarante ans que je n'ai plus ouvert un échiquier. J'ai abandonné, quand j'ai vu que ça devenait obsessionnel. Tu ne peux pas aller loin, aux échecs, si ça ne devient pas obsessionnel... Je me suis trouvé un jour, à vingt ans, couché dans la nuit à refaire une partie entre les grands maîtres Alekhine et Capablanca... Alors j'ai dit, basta.

Dans Angelo, court roman de Giono qui est en fait une étude de caractère pour le Hussard sur le toit se trouve une partie d'échecs par correspondance. Impossible malheureusement de mettre la main sur le bouquin.


Dans Un beau ténébreux de Julien Gracq :

Hier enfin, j'ai pu faire connaissance avec Allan.
L'après-midi était restée brumeuse et froide, et, à une table du fumoir où je me trouvais seul, je tâchais de m'occuper sans enthousiasme à résoudre un problème d'échecs – un trois coups sur le thème indien, je le supposais, un Holzhausen particulièrement épineux. La clé se dérobait sans cesse, et j'en étais arrivé à cet état d'irritation très spécial que connaissent les solutionnistes : un certain sentiment de ma dignité me faisait prêt à jurer le problème insoluble.
Allan est entré sans bruit derrière moi – je crus vaguement le voir s'asseoir et feuilleter une revue, – puis brusquement je l'aperçus penché sur mon épaule et lorgnant ses griffonnages algébriques avec une singulière acuité. Visiblement, la chose l'intéressait.
"Voyez-vous quelque sacrilège à ce que je collabore avec vous ?
– Volontiers."
Il est certainement un solutionniste de première force. En peu de temps il eut découvert la case critique, et le mécanisme apparut dans cette évidence essentielle, ordonnatrice, qui d'abord étourdit et semble révéler mieux que toute chose ce que peut être la révolution de la découverte. Je lui proposai une partie. Il joue remarquablement, avec une prédilection pour les parties fermées, la Sicilienne, l'Ouest-Indienne, comme tous les joueurs qui sentent ces relations secrètes de case à case qui sommeillent sur l'échiquier, cette puissance explosive latente qui dort dans chaque pièce, et dont l'appréhension intuitive fait toute la supériorité du jeu de fakirs, comme Alekhine, comme Breyer, comme Botwinnik, sur les géomètres de l'échiquier qu'étaient un Morphy ou un Rubinstein. Peut-être aussi voulait-il en choisissant ce début sans catastrophe, retarder par grande politesse l'issue du débat. Je perdis cependant assez vite.
Nous commandâmes des boissons et nous causâmes. J'essayai, comme il m'arrive toujours devant de forts partenaires, de lui faire révéler le secret de son jeu. À quoi il répliqua fort justement que les maximes les plus profondes sur le jeu ne traduisant jamais qu'une réflexion sur la partie par un maître, une mise en ordre a posteriori du génie, ne pouvaient jamais qu'être en définitive tout autre chose que ce qu'est à un problème sa clé. Celle-ci par exemple de Niemzovitch, la plus profonde peut-être et la plus générale qu'on ait émise – et sans doute applicable à toute autre chose aussi qu'au jeu d'échecs : "Ne jamais renforcer les points faibles – toujours renforcer les points forts."


Merci à google pour les citations, que j'aurais eu bien du mal à retrouver s'il m'avait fallut éplucher les bouquins page à page!




"Le neveu de Rameau" est un must sur le café de la Régence.


Krusti, le
Actuellement à la comédie Française, "La double inconstance" de Marivaux.
Mise en scène d'Anne Kessler.
Elle fait le choix de positionner un jeu d'échecs au fond à gauche sur la scène.
Il sera utilisé 2 fois je crois de mémoire. Deux coups joués, trois peut-être... Rien de précis rien de bien visible. On reconnait pourtant à distance qu'il s'agit d'un jeu d'échecs.



AD, le
Le 2e épisode des Experts diffusés sur TF1 mercredi dernier ... plein de clichés et d'incohérences ... et une grosse problématique pour les traducteurs qui ont dû traduire "bishop" (évêque en anglais) par "Fou de dieu" pour rester logiques avec le sujet du meurtre !

... Et si quelqu'un pouvait me dire à quoi correspond "la position d'Austerlitz" qui est soit disant le graal de tout joueur d'échecs !


Et que dire du "Mentalist" ? "Votre défense grunfeld ne fait pas le poids contre son ouverture espagnole". Tu m'étonnes ! Merci les traducteurs de TF1.


Disney produit un film actuellement en tournage sur Phiona Mutesi.

Article de 2012 sur Gentside sur la sortie du Livre : The Queen of Katwe: A Story of Life, Chess, and One Extraordinary Girl's Dream of Becoming a Grandmaster

Article de 2015 sur 20minutes sur le tournage du film




Dans " Les chiens de paille " de Sam Peckinpah 1971 ,Dustin Hoffman joue aux échecs au lit avec sa femme.

L'actrice ,Susan George, consulte le livre de Gligoric :"Selected Chess Masterpieces"


Le grand sommeil, Raymond Chandler (1939), traduit par Boris Vian :

Marlowe revient chez lui après avoir raccompagné Vivian Sternwwod ("un goût âcre de Sternwood dans la bouche").

"L’entrée de l’immeuble était vide, cette fois. Pas de tueur sous le palmier en pot pour me donner des ordres. Je pris l’ascenseur jusqu’à mon étage et, au son d’une radio assourdie par une porte, longeai le couloir. J’avais besoin de boire un coup, et vite. Je n’allumai pas la lumière en entrant ; je filai droit sur la cuisine et m’arrêtai au bout d’un mètre. Quelque chose ne tournait pas rond. Quelque chose dans l’atmosphère, une odeur. Les jalousies étaient baissées et la lumière de la rue filtrait par les côtés, éclairant vaguement la pièce. Je prêtai l’oreille. L’odeur était un parfum, un parfum lourd et pourri.
Pas de bruit, pas le moindre bruit. Et puis mes yeux se firent à l’obscurité et je vis, sur le parquet, devant moi, quelque chose qui n’aurait pas dû y être. Je reculai, atteignis l’interrupteur avec mon pouce et allumai.
Le lit était baissé. Quelque chose y gloussait. Une tête blonde sur mon oreiller. Deux bras nus relevés et les mains croisées sur la tête en question. Carmen Sternwood, étendue sur le dos, dans mon lit, m’observait en gloussant. La vague floue de ses cheveux était disposée soigneusement et pas naturellement sur l’oreiller. Ses yeux ardoise me regardaient ; ils me faisaient, comme d’habitude, l’effet de m’épier derrière un canon de fusil. Elle sourit. Ses petites dents acérées luisaient.
– Je suis chou, pas vrai ? dit-elle.
Je répondis brutalement :
– Chou comme un Philippin un samedi soir.
J’allai à la torchère et l’allumai, revins éteindre la lumière du plafond et, retraversant la pièce, m’approchai de l’échiquier posé sur une table de bridge sous la lampe. Il y avait un problème, préparé en six coups. Impossible de le résoudre, comme la plupart de mes problèmes. Je tendis le bras et déplaçai un cavalier, puis enlevai mon chapeau et mon manteau et les jetai quelque part. Tout ce temps-là, le gloussement continua, ce bruit qui me faisait penser à des rats derrière les lambris d’une vieille baraque.
– Je parie que vous ne devinez même pas comment je suis entrée.
Je pris une cigarette et la regardai d’un œil terne.
– Je parie que si. Vous êtes entrée par le trou de la serrure, comme Peter Pan.
– Qui c’est ?
– Oh ! un copain de bistrot.
Elle gloussa.
– Vous êtes chou, pas vrai ? dit-elle.
– À propos, ce pouce… commençai-je…
Mais elle m’avait devancé. Je n’eus pas besoin de le lui rappeler. Elle retira sa main droite de derrière sa tête et se mit à sucer son pouce en me regardant de ses yeux très ronds et très vachards.
– Je suis toute nue, dit-elle quand je l’eus regardée en fumant une minute.
– Mon Dieu ! dis-je… c’est exactement ce que j’allais vous dire… je le cherchais. Encore une seconde et je disais : je parie que vous êtes toute nue. Moi, je garde toujours mes godasses au lit, au cas où je me réveillerais avec une mauvaise conscience et où je devrais m’esquiver sans bruit.
– Vous êtes chou.
Elle roula un petit peu sa tête, à la manière d’un chaton. Et puis elle ôta sa main gauche de dessous sa tête, empoigna les couvertures, s’arrêta théâtralement et les écarta. Elle était effectivement déshabillée. Elle reposait sur le lit dans la lumière de la lampe, nue et luisante comme une perle. Les filles du père Sternwood me tiraient dessus à qui mieux mieux, ce soir-là.
Je décollai un brin de tabac de ma lèvre supérieure.
– C’est ravissant, dis-je. Mais j’ai déjà vu tout ça. Vous vous rappelez ? Je suis le gars qui n’arrête pas de vous trouver déshabillée.
Elle gloussa et se recouvrit.
– Alors, comment êtes-vous entrée ? dis-je.
– Le gérant me l’a permis. Je lui ai montré votre carte. Je l’ai chipée à Vivian. Je lui ai dit que vous m’aviez dit de monter et de vous attendre. J’ai été… j’ai été mystérieuse.
Elle était ravie.
– Épatant, dis-je. Les gérants sont comme ça. Maintenant que je sais comment vous êtes entrée, dites-moi comment vous allez sortir ?
Elle gloussa.
– Je m’en vais pas… pas d’ici longtemps… j’aime ça, ici… vous êtes chou…
– Écoutez, dis-je en braquant ma cigarette sur elle, ne me forcez pas à vous rhabiller une seconde fois. Je suis fatigué. J’apprécie pleinement tout ce que vous m’offrez. C’est simplement plus que je n’en puis accepter. Nichachien Reilly n’a jamais laissé tomber un copain. Je suis votre ami. Je ne veux pas vous laisser tomber, que ça vous plaise ou non. Vous et moi, nous devons rester amis, et ce n’est pas le moyen. Et maintenant, voulez-vous vous habiller comme une bonne petite fille ?
Elle secoua la tête de droite à gauche.
– Écoutez, insistai-je, vous vous fichez complètement de moi, en réalité. Vous voulez juste me montrer à quel point vous pouvez être vacharde. Mais ce n’est pas la peine, je le sais déjà. C’est moi le type qui vous ai trouvée…
– Éteignez la lampe, gloussa-t-elle.
Je jetai ma cigarette par terre et l’écrasai du pied. Je tirai de ma poche un mouchoir et m’essuyai les paumes des mains. Je revins à la charge.
– Ce n’est pas pour les voisins, dis-je. Ils s’en fichent pas mal, au fond. Les mêmes à la dérive, ça ne manque pas dans les immeubles d’habitation et une de plus ne fera pas s’écrouler celui-là. Vous pigez ? Dignité professionnelle. Je travaille pour votre père. Il est malade, très faible, sans recours. Il a confiance en moi, d’une certaine façon ; il sait que je ne lui ferai pas d’histoires… Voulez-vous vous habiller, Carmen ?
– Vous ne vous appelez pas Nichachien Reilly, dit-elle. Mais Philip Marlowe. Ne me racontez pas de blagues.
Je regardai l’échiquier. Le déplacement du cavalier était une erreur. Je le remis d’où il venait.
Je la regardai. Elle était immobile maintenant, sa figure blanche contre l’oreiller, les yeux écarquillés, noirs et vides comme des tonneaux à pluie en période de sécheresse. Une de ses petites mains sans pouce picorait sans relâche la couverture. Une vague lueur de doute commençait à s’éveiller en elle. Elle l’ignorait encore. C’est très difficile à une femme, même une jolie femme, de se rendre compte que son corps n’est pas irrésistible.
Je repris :
– Je vais dans la cuisine me préparer un verre. Vous en voulez un ?
– Voui.
Deux yeux sombres et déconcertés me considérèrent ; le doute grandissait en eux, s’y insinuait en rampant comme un chat qui traque un jeune merle dans l’herbe haute.
– Si vous êtes habillée quand je reviens, vous en aurez un. Ça colle ?
Ses dents s’entrouvrirent et un léger bruit sifflant sortit de sa gorge. Elle ne me répondit pas. Je gagnai la cuisine, trouvai du whisky et de l’eau de seltz et en remplis deux grands verres. Je n’avais rien de très excitant à boire, ni nitroglycérine, ni haleine de tigre distillée. Elle était immobile quand je revins avec les verres. Le sifflement avait cessé. Ses yeux étaient redevenus morts. Ses lèvres ébauchèrent un sourire à mon adresse. Puis elle s’assit tout d’un coup, rejeta les couvertures et tendit la main.
– Donnez-le…
– Quand vous serez habillée, pas avant.
Je posai les deux verres sur la table à jouer, m’assis et allumai une autre cigarette.
– Allez-y. Je ne regarde pas.
Je détournai la tête. Et soudain, j’entendis le sifflement, bien plus fort. Ceci fit que je la regardai de nouveau. Elle était assise, nue, appuyée sur ses mains, la bouche entrouverte, le visage semblable à une tête de mort. Le sifflement sortait de sa bouche et on aurait dit qu’elle n’y était pour rien. Il y avait dans ses yeux, si vides pourtant, quelque chose que je n’avais jamais vu dans les yeux d’une femme.
Et puis ses lèvres remuèrent très lentement, avec précaution, comme des lèvres artificielles qu’on aurait dû manœuvrer avec des ressorts.
Elle me lança une ordure.
Ça m’était égal. Elle pouvait m’appeler comme elle voulait, n’importe qui pouvait. Mais ça, c’était ma chambre. Tout ce que j’avais en guise de « foyer ». Il s’y trouvait toutes mes affaires, tout ce qui touchait à ma vie, tout mon passé, tout ce qui me servait de famille. Pas grand-chose : quelques livres, quelques tableaux, la radio, l’échiquier, des vieilles lettres, des trucs comme ça. Rien. Mais, en tout cas, c’étaient mes souvenirs.
Je ne pouvais plus supporter sa présence. Son injure me l’avait rappelé.
Je commençai en détachant mes mots :
– Je vous donne trois minutes pour vous habiller et foutre le camp. Si vous n’êtes pas sortie dans trois minutes, je vous flanque dehors. De force. Dans l’état où vous êtes, à poil. Et je balance vos vêtements dans le couloir avec vous. Maintenant, allez-y…
Ses dents claquèrent. Le sifflement devint dur et bestial. Elle posa ses pieds sur le plancher et prit ses vêtements sur une chaise à côté du lit. Elle s’habilla. Je la surveillais. Elle s’habilla avec des doigts raides et maladroits – pour une femme – mais rapidement malgré ça. Elle mit à peine plus de deux minutes. J’avais chronométré.
Elle resta debout près du lit ; elle serrait un sac vert contre un manteau bordé de fourrure. Elle avait un chapeau vert incroyable enfoncé sur la tête. Le sifflement dura un bon moment ; j’observai son visage de tête de mort, ses yeux vides où se lisait pourtant une espèce d’émotion qui faisait songer à la jungle. Puis elle gagna rapidement la porte, l’ouvrit et sortit sans mot dire, sans se retourner. J’entendis l’ascenseur se mettre en marche et descendre dans sa cage."


Dans Un Château en Bohême de Didier Daeninckx (chap. La Clepsydre), Denoël, 1994 :

"Des joueurs d'échecs repliaient leurs damiers, rangeaient leurs pièces dans des boîtes à couvercle coulissant, chassés par le mauvais temps."

"Damiers" ?


pessoa, le
C'est une licence poétique.


Chemtov, le
Le plateau quadrillé, nommé damier, oui, j'ai déjà entendu et lu cela plusieurs fois ( même venant de personnes connaissant bien, apparemment, à la fois les échecs et la langue française).


Orouet, le
en héraldique je crois que le damier est "échiqueté".


Chemtov, le
Et ''déchiqueté'' a la même origine.




Krusti, le
Dans "Dear White People" il y a un échange étonnant et en version sous-titré on a

" ton père et le mien jouent la même partie depuis 1972 ".

Je n'étais pas assez concentré sur l'audio pour savoir si c'était une traduction approximative. Sans doute pas, car par deux fois ensuite l'un des personnages invite son alter ego à quitter l'échiquier (board....).



Chemtov, le
Les deux pères en question sont blanc et noir ?


Krusti, le
Tu crois pas si bien dire.
Au reste il est question que l'une des femmes joue le rôle d'une des dames...
Tout y est.
;-)



Chemtov, le
Oh la la... Pour une promotion du pion, pardon, du film, c'est pas bien joué... çà...

Pire que moi, avec le Tournoi...


Krusti, le
Il y avait un smiley. Les choses sont moins caricaturales.
Heureusement.
Ceci dit c'est pas le film du siècle non plus....



Chemtov, le
Je jugerai sur pièce(s)


Adamsberg dans Temps glaciaires (Flammarion, 2015), le dernier Fred Vargas : "Je n'abandonne rien. L'échiquier Robespierre est pour l'instant immobile. Mais il bougera. Rien ne reste jamais en plan, rien ne reste jamais figé. Le mouvement l'emporte toujours. Il y a un gars qui a dit : « Les animaux bougent », mais je ne sais plus qui c'est. Cela bougera de soi-même, faites-moi confiance."

Excellent bouquin. Et présence du jeu d'échecs assez poussée, et sans maladresse d'écriture. Autre extrait :

"Dans son dos, Rögnvar examina l'échiquier. Puis il déplaça la tour noire. Il était le plus grand joueur de Grimsey, elle-même la plus grande île du jeu d'échecs."


Pas si récent, mais dans sa nouvelle "Pour en finir une bonne fois avec le jeu d'échecs" Woody Allen décrit une hilarante partie par correspondance, lisez là ! Juste un extrait de mémoire "A l'issue de votre dernier coup, le cavalier sort de l'échiquier pour atterrir sur ma table à thé".


Chemtov, le
http://maxxwolf.tripod.com/woody.html




Qui perd gagne !
Un film où Thierry Lhermitte joue aux échecs avec Jean-Pierre Malo.
Il y a une séquence de coups forcés d'un mat à l'étouffée avec sacrifice de dame vers la 30e minute du film.
Ils jouent aussi un peu avant cette séquence dans le film.

article sur chess & strategy


The Mentalist, S01E03

La scène se passe dans la caravane d'un surfeur écolo-borné.

Patrick Jane : "Je suis sûr le point de discréditer la théorie de Nimzovitch sur la supériorité française une fois pour toutes."

Le surfeur : "Tu rêves !"

5.Fb5+ ?!

Rires satisfaits de Jane.




Moi aussi je réfute les grands maîtres si j'ai le droit de jouer 2 fois !


Autre image du jeu d'échecs deux épisodes plus loin, avec cette fois une mise en scène plus subtile. Patrick Jane surveille une patiente psychotique. Il entend La Lettre à Elise jouée non loin dans l'hôpital. Il s'approche de la vitre qui permet de voir le couloir : une patiente joue au piano et entre elle et Jane, dans le même axe, un vieil homme de dos jouant seul aux échecs (pas de partenaire, échiquier vers lui, l'homme a les blancs et bouge les pièces noires). Suit un flash-back où Jane revoit sa femme et sa fille à leur piano. Cette remémoration est d'ailleurs symbolisée initialement par un plan sur le goutte-à-goutte de la perfusion de la victime. L'ensemble de la séquence glisse subtilement de la psychose de la patiente à la névrose de Jane et représente ce dernier, au moins symboliquement, comme un pauvre joueur d'échecs solitaire.


Soirée Jascha Heifetz : on n'est jamais très loin des échecs. Au violoncelle, dans le Quintette en Ré mineur de Franck, Gregor Piatigorsky le mari de Jacqueline de Rothschild, excellente joueuse et mécène dans les années 50-60.

http://en.chessbase.com/post/che-player-and-benefactor-jacqueline-piatigorsky-dies-at-100


Je viens de regarder Geri's Game de Pixar (un court métrage d'animation) qui m'a fait penser à la nouvelle de Stefan Zweig.


Un site riche en photos de personnalités (James Dean...) jouant aux Échecs et de peintures :

https://www.tumblr.com/tagged/playing-chess


http://monk.hypnoweb.net/episodes-/saison-7/mr-monk-and-the-genius/resume-long.92.826/

Vu cet épisode télé d'un œil très lointain mais me semble que le GMI (le gros vilain!) dit qu'il a joué contre Spassky.
Le thème du roque est la clef qui permet de résoudre l'énigme et de confondre le GMI.



Red Army (2014), documentaire consacré à l'équipe soviétique de hockey des années 1980.

Par quelques images de Karpov, le film met en scène la comparaison hockey - jeu d'échecs à laquelle tenait Anatoli Tarassov, l'entraîneur-formateur de cette génération. Le film est passionnant, bien au-delà de cette seule comparaison.

Si quelqu'un peut identifier l'entraîneur auprès du jeune Karpov...

http://img11.hostingpics.net/pics/606953Karpov.jpg


Chemtov, le
Furman. Qui a terminé sa carrière de joueur sur un résultat extraordinaire : http://www.chessgames.com/perl/chess.pl?tid=80458


@ Chemtov, merci ! Ces tournois fermés à 10 joueurs et plus, c'était quand même chouette.


One night in Bangkok de Murray Head a pour thème les échecs , ce morceau ayant été écrit pour le musical Chess. La ligne de basse est terrible ;)

La partie entre Murray Head (qui joue les blancs) et le belle brune commence vers 2'25: 1.e4 e5 2.Fc4 d6 3.Df3 4.Cc6. On revoit la même position 20 secondes plus tard, Head pondère encore son prochain coup. L'issue de la partie est inconnue mais la dernière seconde du clip suggère étonnement que les noirs l'ait emportée.


El cave, le
J'aime bien ce morceau, dont les paroles ont été écrites par quelqu'un qui s'intéresse réellement aux échecs je pense, entre autres une référence au tournoi d'Hastings si je me souviens bien.


"Play a this level there's no ordinary venue

It's Iceland or the Philippines or Hastings

or this place."

Références à Fischer-Spassky,Karpov-Korchnoi et Hastings en effet.




Chemtov, le
https://fr.wikipedia.org/wiki/Chess_(com%C3%A9die_musicale)


Floride (2015), film de Philippe Le Guay. Excellent Jean Rochefort. Et deux échiquiers aux bonnes places de deux salons.


il y a une scène culte de the wire aussi:
https://www.youtube.com/watch?v=b3W5gKDFEbA


je ne sais pas si c'est le bon fil:

Fernando Arrabal

Fischer : le roi maudit, Éditions du Rocher, 1980 (ISBN 2-268-01418-5)
Echecs et mythe", ed. Payot, París, 1984.
Fêtes et défaites sur l'échiquier, ed. l'Archipel, Paris, 1992.
Les Échecs féeriques et libertaires, ed du Rocher 1990.


Chemtov, le
En ce moment, je lis 猫を抱いて像と泳ぐ ou Neko wo Daite Zo to Oyogu.

Ce qui veut dire ''Nager avec un éléphant, en tenant un chat'' ( ''Swimming with an elephant while holding a cat'' )

Titre français ''Le petit joueur d'échecs'' ( surnommé Little Alekhine ! ) de Yôko Ogawa.

Et il s'agit bien de jeu d'échecs ! ( Occidental et pas Shogi ).




"C’est des points annulables, négatifs, chaque fois que tu as avancé un pion sur l’échiquier, il a trouvé un moyen pour te faire reculer. Et ce qu’il a fait avec moi est le dernier moyen qu’il a trouvé, en fin de course, pour te claquer la porte au nez, et en donnant en prime un tour de clé supplémentaire dans la serrure. Sur le plan tactique, c’est un coup magistral. C’est un coup de maître. C’est une apothéose. Et c’est un coup définitif. Après ça il y a rien à faire."

Christine Angot, Un amour impossible, Flammarion, 2015

Écriture précise, directe, recourant rarement à la métaphore. Très bon livre.


Christine Angot !! et Marc Levy dans 5 minutes...

Ducouloir, fidèle à lui même...


Je ne sais si c'est l'image publique de Christine Angot, s'il s'agit de ton expérience véritable de lecteur ou si ce n'est que ta hargne coutumière qui s'exerce contre tous et à peu près à tout propos qui te permet d'exprimer de telles sottises, et avec un tel aplomb.

Le livre étant sorti il y a à peine dix jours, je doute que tu l'aies seulement feuilleté. Les membres du forum apprécieront ton honnêteté intellectuelle.

Angot dans ce livre se révèle un excellent écrivain et c'est bien plus à Annie Ernaux qu'elle fait penser qu'au sinistre abruti que tu te plais à citer.
Et note-le bien : pour ce livre-là, elle aura l'un des principaux prix littéraires.

L'autre recours à la comparaison échiquéenne que j'ai relevé durant ces lectures de vacances, c'est dans Les Villes invisibles d'Italo Calvino que je l'ai trouvé (mais sans doute Calvino n'est-il pas assez bien pour un gurtu) :

"Nouvellement arrivé et parfaitement ignorant des langues de l’Orient, Marco Polo ne pouvait s’exprimer autrement que par gestes, en sautant, en poussant des cris d’émerveillement et d’horreur, avec des hurlements de bête et des hululements, ou à l’aide d’objets qu’il sortait de ses sacs : plumes d’autruche, sarbacanes, morceaux de quartz, et disposait devant lui comme les pièces d’un échiquier. Retour des missions auxquelles Kublai l’affectait, l’ingénieux étranger improvisait des pantomimes que le souverain devait interpréter : une ville était désignée par le bond d’un poisson qui s’enfuyait du bec du cormoran pour tomber dans un filet, une autre ville par un homme nu qui traversait le feu sans se brûler, une troisième par un crâne qui tenait entre ses dents couvertes de vert-de-gris une perle blanche et ronde."


Chemtov, le
Ah... Gurtu, grand critique littéraire maintenant ?

Je suis vraiment embêté là.... Car s'il y a une chose que je voulais faire absolument, dès que j'aurai le temps, c'est d'aller acheter ce livre de Christine Angot.

Bon... ben, alors, je vais réfléchir.


" pour ce livre-là, elle aura l'un des principaux prix littéraires."

c'est rassurant.

Mon honnêteté intellectuelle n'est pas rassurée pour autant,quand on donne un prix Goncourt à Houellbecq (et d'autres prix avant) ça me fait hurler de rire (ou pas).



N'hésite pas Chemtov, il est excellent, vraiment. D'ailleurs, tu as peut-être connu le père de Christine Angot qui travaillait au Conseil de l'Europe...

@ gurtu : tu n'as pas à être inquiet ou rassuré par la récompense d'un livre que tu n'as pas lu...


Chemtov, le
Nous avions un M.Angot, au club, qui travaillait, je crois bien, au Conseil de l'Europe.

Mais alors, ce serait la même personne que le père, décrit dans le livre ??


Absolument. C'est dingue. Pierre Angot ?


Non seulement je ne l'ai pas lu mais je ne vais pas le lire,j'ai déjà donné avec cette pouffe.

Chemtov:Fais ce que tu veux,mais attention :le temps est précieux...


Merci gurtu. C'était un avis très intéressant. Mais puisque ton temps est précieux, tu pourrais t'abstenir de lire ce fil. Et mieux encore, d'y intervenir.


Chemtov, le
Dernières Nouvelles d'Alsace du 04 mai 1973: ''Championnat de Strasbourg _ Bien que tous les résultats de la dernière ronde ne soient pas connus, dès maintenant Angot ( Conseil de l'Europe ) est champion de Strasbourg devant Schwicker''


Mes interventions sur ce fil sont plus intéressantes que les tiennes.

Si tu savais lire autre chose que tes phrases ça changerait tout...


Chemtov, le
''Ce tournoi qui se déroule régulièrement depuis plusieurs années permet ainsi la confrontation entre les joueurs des divers cercles de la ville et notamment entre ceux qui ne participent pas au Championnat d'Alsace et au tournoi d'accession du Bas-Rhin. Regrettons d'ailleurs l'absence des joueurs du Championnat d'Alsace au Championnat de Strasbourg cette année''


C'est dingue quand même. En même temps, le jeu d'échecs attire ce genre de personnages. Pas uniquement ce genre, heureusement.

Chemtov, s'il vous est possible de retrouver des parties de Pierre Angot et d'établir un portrait du joueur, je suis sûr que ça intéresserait sa fille.


Ce genre de personnages ?

Et Karpov :"Gros Bill!"

Tu t'en souviens ?

Apparemment non,Chemtov non plus on dirait...




Chemtov, le
J'ai la grille du tournoi. Parmi ses adversaires de l'époque, il y a encore quelques survivants (!) à Strasbourg ( Schwicker, Hanau, Céline Roos, Klein, etc...). Je pourrais leur demander...

Mais bon... j'avoue que cela ne me passionne pas vraiment. Par ailleurs, Angot n'était pas facile de contact. Il avait un grand pote ( italien ) qui jouait aussi au club d'échecs du Conseil de l'Europe. Mais à part lui, il ne fréquentait pas vraiment les joueurs des différents clubs.


Chemtov, le
@Gurtu: Il faut savoir séparer les sujets. Là, on est sur le sujet Christine Angot ( Et éventuellement son père, joueur d'échecs. A confirmer ).


Disons qu'elle ça pourrait l'intéresser.


Chemtov, le
Peut-être...

J'ai juste retrouvé des résultats entre 1971 et 1973 ( Championnats du Bas-Rhin, Championnats de Strasbourg ). Mais plus rien après.

Christine Angot est née en 1959 et son père l'a reconnue lorsqu'elle avait 14 ans. Donc en 1973, l'année où il avait gagné le championnat de Strasbourg ( si c'est bien lui ). Mais ensuite il a disparu des tournois.


passionnant...


Merci beaucoup pour ces précisions, Chemtov. J'ai bien peur qu'après cette reconnaissance, Pierre Angot ait été trop occupé pour jouer aux échecs...


Enfin, ce jeu canalise encore gurtu... Qui sait ce qu'il serait devenu sans lui ?


"Enfin, ce jeu canalise encore gurtu... Qui sait ce qu'il serait devenu sans lui ? "

houla, la prose! on dirait du Angot!

Du 1700 en fait,vous êtes synchros...



Je viens de voir "Gravity" à la télé.

Il y a des pièces d'échecs qui flottent en apesanteur dans la station spatiale internationale (et une raquette de ping-pong dans la station chinoise,j'étais écroulé de rire!).

Ceci dit, quelle daube monumentale ce film !


kaktus, le
s'il suffit d'un jeu d'échecs pour faire d'une œuvre une référence échiquéenne, alors dans "un peu, beaucoup, aveuglément", une comédie romantique française étonnamment bien au dessus de la moyenne du genre, un échiquier cubique qui s'il n'existe pas, faut l'inventer.

(sinon gurtu, si tu veux effacer ce film clairement réalisé dans le seul but de valoriser la technologie 3D, dans le genre Sf et planètes, il y a interstellar qui est meilleur même si la fin, bon.., et dans le genre Sf tout court, District 9)


Il y a un échiquier au début du film ''A Scanner Darkly'' (à la droite du personnage joué par Robert Downey Jr.) adaptation du roman de PK Dick du même nom.


ins4360, le
Une série des années 60 qui pourrait être encore d'actualité.
https://www.youtube.com/watch?v=xu0KOjaBQM0



Saint-Exupéry : Terre des hommes
Et nous buvons notre cognac. Sur ma droite, on dispute une partie. Sur ma gauche, on plaisante. Où suis-je ? Un homme, à demi ivre, fait son entrée. Il caresse une barbe hirsute et roule sur nous des yeux tendres. Son regard glisse sur le cognac, se détourne, revient au cognac, vire, suppliant, sur le capitaine. Le capitaine rit tout bas. L’homme, touché par l’espoir, rit aussi. Un rire léger gagne les spectateurs. Le capitaine recule doucement la bouteille, le regard de l’homme joue le désespoir, et un jeu puéril s’amorce ainsi, une sorte de ballet silencieux qui, à travers l’épaisse fumée des cigarettes, l’usure de la nuit blanche, l’image de l’attaque prochaine, tient du rêve.

Et nous jouons, enfermés bien au chaud dans la cale de notre navire, cependant qu’au-dehors redoublent des explosions semblables à des coups de mer.

Ces hommes se décaperont tout à l’heure de leur sueur, de leur alcool, de l’encrassement de leur attente dans les eaux régales de la nuit de guerre. Je les sens si près d’être purifiés. Mais ils dansent encore aussi loin qu’ils le peuvent danser le ballet de l’ivrogne et de la bouteille. Ils la poursuivent aussi loin qu’on peut la poursuivre, cette partie d'Échecs. Ils font durer la vie tant qu’ils peuvent. Mais ils ont réglé un réveille-matin qui trône sur une étagère. Cette sonnerie retentira donc. Alors ces hommes se dresseront, s’étireront et boucleront leur ceinturon. Le capitaine alors décrochera son revolver. L’ivrogne alors dessoulera. Alors tous ils emprunteront, sans trop se hâter, ce corridor qui monte en pente douce jusqu’à un rectangle bleu de lune. Ils diront quelque chose de simple comme : « Sacrée attaque… » ou : « Il fait froid ! » Puis ils plongeront. Le Patrimoine des Échecs


Très chouette le site (et la citation). Pour enrichir sa partie littérature, le livre de Calvino Les villes invisibles revient plusieurs fois, et sans gratuité, au jeu d’échecs. Les citations que j'avais postés ci-dessus ne sont pas, à cet égard, les plus frappantes, celles-ci intervenant plus tard, et prenant même une place assez décisive dans la compréhension de l'ouvrage.

Souvenir d'Ivanchuk lors du GP Fide d'Astrakhan qui expliquait aux journalistes qu'à ce moment, il lisait Citadelle.


Le jeu d’Échecs fascine. Le joueur captivé par les figurines en mouvement s’abstrait du réel pour entrer dans ce monde géométrique aux combinaisons infinies. Entre incarnation et abstraction, les Échecs émerveillent. La richesse de leur présence dans la littérature et les arts en est le témoin. « Je hais le jeu d’Échecs et le fuis, de ce qu’il n’est pas assez jeu et qu’il nous ébat trop sérieusement », écrivait Montaigne, en 1580. Bien plus qu’un pur amusement de la pensée, les échecs nous renvoient à un ailleurs, un au-delà qui refléterait, miroir fidèle ou déformant, notre monde réel.

L’objectif du Le Patrimoine des Échecs sera de vous proposer un vaste panorama reflétant toutes les connexions du Jeu des Rois avec notre vie : histoire, psychologie, littérature, art, cinéma, publicité, musique, politique, etc. Dans Le Gambit du cavalier de William Faulkner, l’un des personnages affirme qu’« un jeu où se reflètent et où s’avèrent toutes les passions de l’homme, sa folie et son espoir, a toujours été autre chose qu’un simple jeu ». Le jeu d’Échecs semble si vaste qu’il décourage toute tentative d’exhaustivité. C’est donc très modestement que je vous en proposerais au quotidien quelques aspects : http://patrimoine-echecs.tpgbesancon.com/.


Excellent site, avec de très beaux documents . Félicitations !


Merci


Les blancs gangent toujours

Un garçon, toujours sans avoir reçu d’ordres, apporta le jeu d’Échecs et le Times du jour, la page tournée au problème d’Échecs. Puis, voyant le verre de Winston vide, il apporta la bouteille de gin et le remplit. Il n’était pas nécessaire de donner des ordres. On connaissait ses habitudes. Le jeu d’Échecs l’attendait toujours, la table du coin lui était toujours réservée. Même quand le café était plein, il avait sa table pour lui seul, car personne ne se souciait d’être vu assis trop près de lui. Il ne prenait même pas la peine de compter ses consommations. À intervalles irréguliers, on lui présentait un bout de papier sale qu’on disait être la note, mais il avait l’impression qu’on lui faisait toujours payer moins qu’il ne devait. Peu importait d’ailleurs que ce fût le contraire. Il possédait toujours maintenant beaucoup d’argent. Il occupait même un poste. Une sinécure, plus payée que ne l’avait été son ancien travail.

Il examina le problème d’Échecs et posa les pièces. C’était un problème qui demandait de l’astuce et mettait en jeu deux cavaliers. « Les blancs jouent et gagnent en deux coups. » Winston leva les yeux vers le portrait de Big Brother. « Les blancs gagnent toujours », pensa-t-il avec une sorte de mysticisme obscur. Toujours, sans exception, il en est ainsi. Depuis le commencement du monde, dans aucun problème d’Échecs les noirs n’ont gagné. Ce jeu ne symbolisait-il pas le triomphe éternel et inéluctable du Bien sur le Mal ? Le visage plein de puissance calme lui rendit son regard. Les blancs font toujours échec et mat.

George Orwell, 1984, partie III, chapitre 6.
Le Patrimoine des Échecs http://patrimoinechecs.tpgbesancon.com/


ins3322, le
Le jeu est pas mal présent dans le film "Uncanny" de Matthew Leutwyler. Tant que j'y suis il est aussi présent dans "cube zéro", l'un des gardiens est un fort joueur. Pas top comme films mais la présence des Echecs y est sympathique.


Jean-Jacques Rousseau, Julie ou La nouvelle Héloïse

Un jour qu’en ton absence il jouait aux Échecs avec ton mari, et que je jouais au volant avec la Fanchon dans la même salle, elle avait le mot et j’observais notre philosophe. À son air humblement fier et à la promptitude de ses coups, je vis qu’il avait beau jeu. La table était petite, et l’échiquier débordait. J’attendis le moment ; et, sans paraître y tâcher, d’un revers de raquette je renversai l’échec et mat. Tu ne vis de tes jours pareille colère : il était si furieux, que, lui ayant laissé le choix d’un soufflet ou d’un baiser pour ma pénitence, il se détourna quand je lui présentai la joue. Je lui demandai pardon, il fut inflexible. Il m’aurait laissée à genoux si je m’y étais mise. Je finis par lui faire une autre pièce qui lui fit oublier la première, et nous fûmes meilleurs amis que jamais. Le Patrimoine des Échecs


kaktus, le
Dans "nous trois ou rien", une partie contre un adversaire cleptomane.


À l'ombre du grenadier de Tariq Ali

" Dérangé dans sa réflexion, Yazid fronça les sourcils et leva les yeux de l’échiquier d’étoffe. À une extrémité du patio, il était plongé dans une tentative désespérée de pénétrer les arcanes du jeu d‛’échecs. Ses sœurs, Hind et Kulthum, elles, étaient des stratèges accomplis. Elles étaient parties avec le reste de la famille à Gharnata. À leur retour, Yazid allait les étonner en proposant une ouverture peu orthodoxe. Il avait bien tenté d’intéresser Ama au jeu, mais la vieille lui avait ri au nez en refusant l’invitation. Yazid n‘arrivait pas à comprendre son refus. Ne valait-il pas mieux jouer aux échecs que passer son temps à égrener son chapelet ? Pourquoi cette évidence lui échappait-elle ?
À contrecœur, il commença à ranger les pièces. « Elles sont vraiment merveilleuses », pensa-t-il, en les replaçant dans leur niche ". Le Patrimoine des Échecs http://patrimoinechecs.tpgbesancon.com/


Chemtov, le
Dans ''Nathan le Sage'' ( Nathan der Weise, 1778 ) de Lessing, deuxième acte, scène 1, Saladin joue aux échecs avec sa soeur, Sittah. Cela se passe à Jérusalem. Le sultan et sa soeur plaisantent, se provoquent, commentent les coups de leurs rois, cavaliers et reines. En pensant bien sûr aux vrais chevaliers ( le personnage du Templier ), aux rois ( Richard Coeur de Lion et Saladin lui-même ) , à leurs femmes et sœurs, à la guerre , aux imams, etc...

A la fin de la partie, après avoir perdu ( de manière peu combative), Saladin demande à son argentier de verser 1000 dinars à sa sœur ( qui, comme à chaque fois , refusera cet argent ).

Les textes que l'on peut trouver sur le net sont malheureusement tronqués et mal traduits. L'édition bilingue est très intéressante, avec des notes expliquant notamment le contexte historique.

Il y a d'autres références aux Echecs dans cette pièce. Pour les germanophones : http://www.grin.com/de/e-book/133547/die-rolle-des-schachspiels-in-lessings-nathan-der-weise

( Le rôle du Jeu d'Echecs dans Nathan le Sage de Lessing )


L'Ultime secret de Bernard Werber
« Un ordinateur est toujours plus fort qu’un homme parce que l’ordinateur n’a pas d’état d’âme. Après un coup gagnant, l’ordinateur n’est ni joyeux ni fier. Après un coup raté, il n’est ni déprimé ni déçu. L’ordinateur ne possède pas d’ego. Il n’éprouve pas de rage de vaincre, il ne se remet pas en question, il n’en veut même pas personnellement à son adversaire. L’ordinateur est toujours concentré, il joue toujours au mieux de ses possibilités sans tenir compte des coups passés. Voilà pourquoi les ordinateurs de jeu d’échecs battent systématiquement les humains… Tout du moins jusqu’à aujourd’hui ».
Le Patrimoine des Échecs


Le livre de Katherine Neuville : Le Huit
une pure bonheur pour ceux qui aiment les échecs et l'histoire de France et du monde et aussi la culture.


El cave, le
Il faudra que je le relise en ce cas. Ou pas.


En 1897, Herbert George Wells publie un essai intitulé Certaines questions personnelles (Certain Personal Matters), où dans un des articles, il livre sa vision peu aimable des Échecs :

« La passion pour le jeu d’Échecs est une des plus inexplicables dans le monde. Elle gifle la théorie de la sélection naturelle en plein visage. Les Échecs sont la plus absorbante des occupations ; le moins satisfaisant des désirs ; une excroissance inutile de la vie. Ils anéantissent un homme. Admettons que vous ayez un politicien prometteur ou un artiste en plein essor que vous voulez détruire. Le poignard ou la bombe seront archaïques, maladroits et peu fiables ; mais lui apprendre, lui inoculer les Échecs ! »
Le texte dans son intégralité sur Le Patrimoine des Échecs.


El cave, le
Amusant, encore que je ne trouve pas le texte si peu aimable que cela. Poe l'est beaucoup moins par exemple, mais n'y connait manifestement pas grand chose.


Pas très aimable, et pas faux non plus...Quelle que soit notre dévotion pour ce jeu, on se dit parfois que l'on aurait eu le temps de faire pas mal d'autres choses si on y avait consacré moins de temps !


Présence d'un jeu dans le dernier Tarantino et salon dédié au jeu d'échecs dans l'hôtel suisse de Youth (Sorrentino).


ins7281, le
@DocteurPipo
Il y a bien des manières de rater sa vie, comme de la réussir.
Comme il y a mille façons de dire des bêtises quand on parle de ce que l'on ne connait pas, même quand on s'appelle H. G. Wells ou E. A. Poe...
Et même quand on connait mais que l'amertume d'avoir failli obscurcit le jugement, il arrive que l'on crache sur ce que l'on a adoré...


Le Coup du cavalier, polar sicilien d'Andrea Camilleri (2000) dont l'exergue est empruntée au Manuel des échecs d'Anatoly Karpov.


Le texte de Wells n'est pas du tout négatif, bien au contraire. Wells, visiblement, joue aux échecs, et voit dans les échecs l'activité entre toute la plus à même de passionner les hommes. C'est une ode aux échecs sur un ton mélancolique, mais Wells ne l'était-il pas toujours ?

Par contre, Weber et son championnat du monde en un nombre impair de partie, son humain qui bat l'ordi... Voila bien quelqu'un qui n'a jamais joué aux échecs sérieusement.



Cases d’un échiquier, Trois leçons de ténèbres de Roger Caillois.

Pierre Bergounioux dans ses Carnets de notes : "Ses recherches « diagonales » sont plus poétiques que positives, son dessein peu convaincant mais on ne peut rester insensible à son extrême exactitude, à son sens de la formule. Il s’agit toujours d’inscrire les figures et les thèmes de l’homme dans la syntaxe générale dont ils constituent une expression très localisée, tragiquement fugace."

Jamais vu circuler ce livre. Quelqu'un le connaît-il ?


Chemtov, le
Non. Je connais Caillois pour sa théorie des jeux ( classification par compétition, hasard, simulacre et vertige ). Cours universitaires de Norbert Engel et Michel Roos dans les année 70 à 2000.

Peut-être Paulette connaît-il mieux. Pour le côté sociologique.



SLM, le
J'ai eu le malheur de visionner Revolver de Guy Ritchie récemment. La présence du jeu d'échecs y est forte (pour un film) et comme toujours emprunte de clichés et autres poncifs assez lourdingues mais rafraichissante à côté du scenario tout sauf accessible.


Krusti, le
Le jeu d'échecs fait une petite apparition qui n'est pas innocente dans le dernier film Kiyoshi Kurosawa "Les amants sacrifiés".
Y compris dans la bande annonce.
En gros, et sans trop divulgacher, un personnage renverse un jeu d'échecs et ne le repositionnera pas correctement ce qui pourrait bien être le signe qu'il s'est passé quelque-chose dans cette pièce (mon Dieu que c'est mal raconté mais n'est pas Jean-Marc Lalanne qui veut et son point de vue sur le film est particulièrement bien vu dans le masque et la plume de dimanche dernier).
Le choix d'un jeu européen (on va dire ça comme ça) a du sens d'ailleurs par rapport à la symbolique globale du film (le fond c'est la 2° guerre mondiale).


Krusti, le
Dans la mini-série The undoing sur OCS actuellement et plus précisément au milieu de l'épisode 3 on trouve une belle présence du jeu d'échecs.
En 2 mots il s'agit d'une séquence durant laquelle Donald Sutherland, père de Nicole Kidman, lui apprend qu'il a refilé sans lui dire 500 000 dollars à son mari (Hugh Grant) dans un passé récent.
Ce dernier, beau gosse comme il est et de plus oncologue pour enfants respecté est par ailleurs et depuis peu emprisonné pour suspicion de meurtre (ce qu'il nie) sur une jeune femme avec qui on apprendra qu'il a eu une liaison et in fine une petite fille (ce qu'il ne nie pas).
Récapitulons.
Nicole apprend donc quasi en même temps que son mari... c'était pas ce qu'elle croyait !!! Et la séquence qui tourne avec le jeu d'échecs en toile de fond ajoute à son trauma avec l'aveu de son père d'un mensonge par omission.

Son père explique son geste en prétextant avoir voulu aider le couple (aide qu'elle aurait refusé par fierté... c'est qu'elle est une Psychiatre réputée la Nicole et elle a son caractère !!!). Lors de cet aveu il est en train de bouger des pièces sur un échiquier avec à coté son laptop ouvert sur la page d'un vague Chessbase.
Nicole est effondrée, Donald pleure de son mensonge et tout ça sur fond du jeu d'échecs.
Plusieurs interprétations sont possibles.
La plupart psychologisantes.
J'en propose deux à chaud.
Donald est un père veuf, aimant sa fille, ultra-riche ainsi qu'amoureux des arts et manifestement de la vertu (au moins en façade).
Une éthique du comportement toute kantienne sauf que là s'effondre son image de perfection.
L'arrière plan étant le jeu d'échecs (jeu qui ne connaitrait que la réflexion froide loin de tout sentimentalisme) incluant la présence d'un logiciel de jeu (monstre glacial à base de micro-processeur sans âme ni remord) permettrait un contraste saisissant entre d'un côté la rigueur pure, intraitable du jeu auquel on ajoute la froideur d'un ordinateur et d'un autre côté la faiblesse humaine toute en émotion.
Une autre interprétation qui pourrait se rajouter à la première serait peut-être d'inviter le spectateur à considérer Donald comme un personnage en capacité d'avoir un coup d'avance (lieu commun de notre jeu s'il en est) mais ça c'est la suite de la série qui nous le dira...
Bref à suivre.


Krusti, le
The undoing suite... Épisode 4/6 vers la fin nouvelle scène convoquant le jeu d'échecs. Cette fois Nicole (qui a les blancs) joue (assez négligemment puisqu’ils bavardent en fait) face à son père Donald.
C'est le moment d'une nouvelle confidence du père qui avoue à sa fille, qui évoquait quelques instants plus tôt la famille idéale que ses parents lui inspiraient, qu'en fait, il ne cessait de tromper sa femme.
La mère de Nicole donc.
Décidément quelle famille !
Il insiste sur la répétition de ses infidélités (again and again and again and again).
Une nouvelle fois le monde s'écroule pour Nicole qui finalement balaie violemment les pièces hors de l'échiquier et quitte fâchée l'immense pièce du manoir de Donald chez qui elle vit avec son fils (vu que dans l'intervalle Hugh Grant a été libéré sous caution et occupe l'appartement conjugal dans lequel Nicole, on le comprend bien, ne veut plus mettre les pieds).
Une possible explication sur cette mise en scène serait précisément de mettre en relief la répétition quasi pathologique des infidélités du père (4 "again" cités plus haut) en l'associant avec la répétition à l'infini des parties qui se succèdent pour qui est prisonnier du jeu (ne parle-t'on pas de "passionné du jeu d'échecs"... un terme, passion, qui recèle dans son étymologie une parenté avec le pathos (πάθος) de l'ancienne Grèce ?).


Piechka, le
Voici une vidéo qui présente succinctement 45 films (au sens large du terme) film sur ou autour des échecs.

45 films sur les échecs

Le nom français de certains films est parfois très différent du titre dans la vidéo.
Exemple le film "Knight moves", a prit le nom "Face à face".


Renan, le
intéressant, il y a quelques films inconnus et peut etre sympas à voir...
the coldest game n'est pas sorti en France (à la TV)?...
le nmr 31 "entrusted"...je ne connaissais pas ,idem pour le nmr 29 "grandmaster"...


Chemtov, le
@ Piechka : Merci !
@ Renan : Oui, vraiment très intéressant. De quoi ouvrir 45 sujets différents sur France-Echecs ! ( Je ne connaissais pas l'existence de la moitié de ces films. Et je n'ai du en voir qu'un tiers, maximum. )


Kosmo, le
@Piechka : merci pour le lien. La vidéo est bien faite, mais l'absence de table de matières (ou time stamp).
Pour info, si on fait une recherche avancée sur Imdb.com, il y a plus de 1500(!) références à disséquer. Intéressant pour découvrir l'existence de courts-métrages, et de films difficiles à trouver.

@Renan: "The Coldest Game" est un honnête divertissement. Vu sur Netflix en 2020.l
Mon avis: le traitement des Échecs est assez invraisemblable: pas de bêtise flagrante comme une position fantaisiste, mais tous les aspects autour du jeu pour le match de championnat du monde, la force d'un joueur en retraite depuis des années, etc., bref tout cela est très mal représenté. Une grosse déception vu l'importance donnée au jeu d'Échecs dans le scénario du film.

Pour ce fil: je suis cinéphile averti (plus de 200 séances en salle par an), donc je découvre souvent des jeux d'échecs dans des films très divers, parfois une scène, voire un seul plan, mais je n'ai pas fait de recensement systématique. La possibilité de faire pause sur un lecteur DVD ou autre format électronique, pousserait à faire ce travail de recensement, mais en regardant en salle, c'est une autre paire de manches.

Ce fil est une bonne idée, j'y reviendrai de temps en temps pour poster mes découvertes.


Kosmo, le
(désolé pour la 1ere phrase tronquée dans mon message précédent)

Voici mon coup de coeur en matière de film où les Échecs occupent une place importante: The Dark Horse film néo-zélandais de James Napier Robertson, 2014, 124 min.
Ne pas confondre avec des films homonymes avec un étalon noir ;)
Je l'ai vu en festival (pas de sortie en salle en Belgique ou en France, et de rares pays en Europe ont vu une sortie (Allemagne, Grèce).

Ce qui fait la richesse de cette oeuvre: un scénario très intéressant, loin des poncifs habituels, dans un cadre dépaysant. Plusieurs autres thématiques sont au centre de cette histoire, en plus des Échecs: la santé mentale (bipolarité), la famille et la fratrie, l'origine sociale, la transmission de valeurs, l'expérience maître / élèves. La réalisation est bonne, et l'interprétation magistrale de l'acteur principal lui a valu une récompense méritée.
Voici un extrait de 45 sec où le personnage principal du maître déchu, Genesis Potini, est introduit au club de jeunes issus de milieux défavorisés:
The Dark Horse, Genesis clip
Et pour couronner le tout ce film est inspiré d'une histoire vraie!


Krusti, le
En marge du sujet puisqu'il ne s'agit pas de littérature mais de la critique d'un livre, Arnaud Viviant a terminé sa violente diatribe concernant "Les victorieuses" en voulant souligner le côté mécanique de l'écriture par: "Si un ordinateur peut battre le champion du Monde d'échecs il n'y a pas de raison qu'il ne puisse pas écrire comme Laeticia Colombani".
C'était le 16 juin 2019.
A noter par ailleurs que je me suis fait la remarque (relative à la question cette fois de la traduction automatique) pour ce qui touche la version française de The Queen's gambit chez Gallmeister, notamment un passage incompréhensible et bien mieux traduit (parce-que tout simplement clair) dans la traduction précédente.
Je documenterai à l'occasion c'est étonnant !!!


Krusti, le
Dans la série nullissime (ne me demandez pas comment je me suis retrouvé à mater quelques extraits) Emily in paris (saison II épisode 2) Luc se retrouve à jouer contre lui-même dans un jardin avec une (jolie) pendule mécanique. La position semble celle-ci (avec deux fous noirs sur la même couleur). On n'est pas à ça prés...




Chemtov, le
Vu sur notre site préféré : https://ruchess.ru/en/news/report/match_in_neon_limelight/

Une nouvelle vision du match de Baguio, où on pourra aussi voir jouer les rôles de Petrosian, Balashov, Tal, Spassky Polugaievsky, Baturinsky, etc... (voir photos en fin d'article).


Krusti, le
Succession (série)
Saison 1 épisode 3/10
Vers la toute fin, alors que le patriarche tyrannique se remet doucement d'une attaque cérébrale et qu'il est dans son fauteuil face aux infos, il reçoit la visite de son ainé qui a repris en intérim les rênes de l'empire.
Le fiston traverse la pièce, se dirige vers le très craint et très redouté "dad" et à ce moment-là on distingue à l'arrière un jeu d'échecs.
Il lui dit son plaisir de le retrouver en meilleur forme, lui indique ses décisions prises pour l'entreprise dans la tourmente et...
Le paternel ne dira qu'une chose à son fils "You are a fucking idiot".
Quelque-chose me dit (libre et personnelle interprétation) qu'on va le revoir ce jeu d’échecs tant il semble là pour symboliser la grande complexité des rapports dans cette famille "à la Gide"(Familles je vous hais ! Foyers clos, portes refermées, possessions jalouses du bonheur. In les nourritures terrestres).

A suivre donc.
PS très beaux clichés @chemtov


Krusti, le
Succession toujours...
Saison II épisode 5/10 il ne s'agit pas vraiment d'une représentation des échecs mais j'ai trouvé intéressant de noter cette formulation "explain the chess move" traduit donc pas "explique -moi ta démarche".


Chemtov, le
Tout à fait différent ( et c'est un sujet peu traité ici ) la BD. J'ai enfin ouvert mes cadeaux de Noël et j'y ai découvert le tome 1 de ''Un monde en pièces'' de Ulysse et Gaspard Gry. https://www.babelio.com/livres/Gry-Un-monde-en-pieces/1060148#critiques_presse
Vraiment intéressant.


Krusti, le
Cela concerne le livre de Jean-Philippe Toussaint (L'urgence et la patience qu'en fin de semaine j'aurai sous mes yeux). Une critique délicieuse en est faite ici (29'30) il est question d'échecs de Becket et de correspondance...


Krusti, le
@Chemtov BD (Un monde en pièces) commandé ce jour.


Krusti, le
"Au début des années 80, j’ai écrit une lettre à Samuel Beckett. Je lui expliquais que j’essayais d’écrire, j’ajoutais que je supposais qu’il devait être très sollicité par des inconnus et je lui proposais, plutôt que de lui demander son avis sur un de mes textes, de faire une partie d’échecs par correspondance, dont l’enjeu serait la lecture d’une pièce de théâtre que je venais d’écrire. Je gagnais, il lisait ma pièce, et me donnait son avis. Il gagnait, je relisais ma pièce, à tête reposée. Je terminais ma lettre ainsi « au cas où, 1.e4 » Par retour du courrier, Samuel Beckett m’a répondu : « Les noirs abandonnent. Envoyez la pièce. Cordialement. Samuel Beckett »"
...
Jean-Philippe Toussaint.
L’urgence et la patience. Page 87 Collection "double "Éditions de minuit.


Krusti, le
Pour entrer un peu plus dans l'ouvrage....
https://un-monde-en-pieces.com/ (en lien donc avec l'intervention de (Chemtov, le 14/01/2022 00:44 )).
Je viens pour ma part de terminer la lecture du Tome 1 et j'ai du coup commandé le tome II. La rédaction d'un billet est en cours...


Musashi, le
C'est génial "le monde en pièces"..


Davout, le
Dans le cycle de mythologie celtique il est fait allusion aux échecs dans un poème sur la légende de Loégairé Liban cité dans :

Le Cycle mythologique irlandais et la mythologie celtique : De Henri d'Arbois de Jubainville

à la page 210

https://books.google.fr/books?id=f1cMEAAAQBAJ&pg=PA210&lpg=PA210&dq=%22aux+%C3%A9checs+ils+gagnent+la+partie+de+revanche%22&source=bl&ots=MDUcNsAFmU&sig=ACfU3U0Y0Hl0QbjhjxQoK1I_RcWx4uT44g&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiEwvfk0fz1AhUNecAKHfqRDsoQ6AF6BAgCEAM#v=onepage&q=%22aux%20%C3%A9checs%20ils%20gagnent%20la%20partie%20de%20revanche%22&f=false

Comment les Irlandais connaissaient-ils les échecs ?


Krusti, le
Intrigué j'ai poussé un peu le bouchon... par ici... et par là... ce qui aurait tendance à accroitre ma curiosité.


Davout, le
@Krusti
Est-ce à penser que l'histoire de la propagation du jeu d'échecs à travers le monde n'est pas celle que l'on croit habituellement ?


Concernant Toussaint, son premier roman (non-publié) est disponible sur son site internet et s'appelle Echecs, sans doute celui qu'il a envoyé à Beckett. Dans son troisième roman publié, L'appareil-photo, l'un des personnages s'appelle Polougaïevski, une histoire d'auto-école et de voyage en Angleterre.

"Vous vous appelez comment, à propos ? Pascale, elle s’appelait Pascale Polougaïevski. Quelle journée. Dans la voiture, tandis que nous quittions le parking à petite vitesse, je lui expliquai, la nuque cambrée sur le siège, que j’avais un peu mal au bas de la colonne vertébrale, toujours le même petit problème de dos, et, comme elle avait la gentillesse de bien vouloir s’y intéresser, et assez intelligemment je dois dire, je me fis un plaisir de lui en relater les tenants et les aboutissants."

Plus loin, à propos d'un problème étudié dans les toilettes d'une station-service :

"Personne n’était venu me déranger jusqu’à présent, et je m’attardais là tranquillement, songeant à ce problème d’échecs qu’avait composé Breyer où toutes les pièces étaient en prise, ce qui tenait au fait que lors des cinquante derniers coups aucun pion n’avait été déplacé ni aucune pièce capturée. Ce problème (je ne voyais pas le problème, personnellement), qui m’occupait délicieusement l’esprit pour l’heure, représentait à mes yeux un modus vivendi des plus raffinés. Dans ses parties officielles, du reste, Breyer faisait montre de la même courtoisie, confinant sagement toutes ses pièces derrière des lignes fermées et préparant des plans d’attaque à très long terme qui, dans un premier temps, consistaient simplement à accroître avec de minuscules raffinements infinis le degré de dynamisme potentiel de ses pièces (et dans un deuxième temps — à massacrer). Bien qu’elles aient été confirmées par de tels succès obtenus à l’épreuve de la réalité, les idées de Gyula Breyer suscitaient le scepticisme en général, voire une certaine suspicion, parfois, tant elles donnaient lieu à des lignes de jeu paradoxales, où les desseins poursuivis n’étaient jamais clairement définis et où les pièces, suivant une logique déroutante d’accumulation d’énergie mise sans fin en réserve, manquaient systématiquement à tous leurs devoirs de recherche d’espace et de liberté.


Krusti, le
@Davout j'aime beaucoup l'idée d'une contre-allée de l'Histoire du jeu d'échecs.

Pour Toussaint son livre est non-publié au format papier, au format standard on va dire, mais il est dispo en effet avec un excellent appareil critique ici.
Sinon ce qu'il a envoyé à Beckett était une pièce de théâtre... d’après ce qu"il précise lui-même.


Krusti, le
C'est d'ailleurs étonnant (et rageant en un sens) qu'un type comme Toussaint, avec le talent et la notoriété qu'il a maintenant, avec son amour du jeu, n'ait jamais été invité par un "canal" échiquéen habituel (papier ou web pour le coup). Ou alors je suis passé à côté...
Bon il n'est peut-être pas encore trop tard...


@Krusti
Dans un de vos posts, vous écrivez textuellement : "A noter par ailleurs que je me suis fait la remarque (relative à la question cette fois de la traduction automatique) pour ce qui touche la version française de The Queen's gambit chez Gallmeister, notamment un passage incompréhensible et bien mieux traduit (parce-que tout simplement clair) dans la traduction précédente.
Je documenterai à l'occasion c'est étonnant !!!"

Il se fait que j'avais aussi lu ce bouquin dans sa première traduction (bien avant la série TV, que je n'ai d'ailleurs pas regardé). Pourriez-vous documenter maintenant cette erreur (?) de traduction ?


@Davout
Moi aussi, j'ai déjà lu d'étranges histoires à propos de l'origine des échecs, et je vais essayer de remettre la main dessus.

Pour l'anecdote^^, c'est un ami complètement bourré qui m'avait vanné en me lançant sur cette fausse (?) piste, et en creusant un peu, j'avais eu la surprise de découvrir qu'effectivement, tout ne semblait pas aussi clair que je ne le croyais de prime abord.

Le seul ennui, c'est que cela remonte à quelques plombes et qu'il va me falloir du temps pour retrouver mes ex-références.


@Krusti et @Davout
Ce qui serait assez marrant, c'est que l'un de nous trois soit Jean-Philippe Toussaint !


Davout, le
@Mazettov
Je ne le suis pas. D'ailleurs je ne connais pas cet auteur.

Le monde celtique couvrait une partie de l'Europe allait jusqu'au rive de la Mer noire. Il est possible que le jeu d'échecs soit passé par l'Europe centrale sans passer par les Arabes.

"Le jeu a été introduit dans le Sud de l'Europe à partir du Xe siècle par les Arabes, mais on ignore où il fut inventé exactement. Il dérive du shatranj ou chatrang qui lui-même est la version perse du chaturanga de l'Inde classique."

"Les Arabes font connaissance avec le jeu. Ils s'y adonnent avec passion et étendent sa pratique au fur et à mesure de leurs conquêtes. Vers l'ouest, le jeu traverse le Maghreb et la Méditerranée pour parvenir dans l'Espagne musulmane et atteindre l'Occident chrétien à la fin du Xe siècle."
sources wiki.)

Sauf erreur, les légendes celtiques sont antérieurs au Xè siècle. Y-a-t-il un spécialiste dans la salle ?


Chemtov, le
Au 9ème siècle, les Varègues avaient déjà ouvert des routes fluviales sur la Volga et le Don. Ils ont rencontré des marchands persans, arabes, khazars, etc...
Il n'est pas impossible que des jeux d'échecs soient apparus en Europe du Nord par ces routes commerciales.


A noter, à propos du lien vers le Masque et la Plume, qu'Ezine recommandait Autoportrait à l'étranger, peut-être l'un des Toussaint que je préfère avec La télévision.
Par ailleurs, il y a une série d'émissions d'A voix nue, diffusées plusieurs fois sur France-Culture et dans lesquelles Toussaint revient sur ses débuts, ses "rapports" avec Beckett, avec Lindon, etc.


Krusti, le
Merci.Je découvre seulement maintenant le cycle animé par Arnaud Laporte sur JP Toussaint. Fameux...


J'ai lu quelque part, que les Echecs auraient pu avoir parcouru la route du Nord de l'Europe, grâce aux Vikings .


Chemtov, le
@supergogol : Je crois que c'est ce que nous avons écrit, Davout et moi ( Les Varègues étaient des Vikings ) .


Krusti, le
Après l'écoute des 4 émissions d'A voix nue évoquées plus haut, (toujours un régal cette émission), j'ai été très déçu qu'Arnaud Laporte n'interroge pas JP Toussaint sur le pourquoi de son premier roman...
Du coup sur cet aspect on apprend pas grand chose...
PS je m'y colle @Mazettov


Krusti, le
Avec Séville j'étais déjà dans une atmosphère Proustienne (avec le minitel dans le rôle de la madeleine en gros) et avec ce juste rappel @Mazettov tu me replonges dans mes très nombreuses notes qui devaient me permettre d'enregistrer l'émission avec Laurent mais aussi de rédiger un essai pour lequel je m'investissais corps et âme à l'époque mais qui ne verra jamais le jour, (un quarteron m'ayant pris de vitesse pour produire ma foi un très honnête travail).
Des grosses erreurs de traduction ça ne manque pas et surtout concernant les échecs, mais la perle qui remporte la palme reste pour moi est celle-ci.
Nous sommes (pour un repère dans la série) au début de l'épisode 2, Beth découvre la maison de sa famille adoptive)
Page45 dans la version originale (1983)
«She bent over and pulled off her shoes and lay back, stretching out on its great, comforting expanse, turning her head happily to look over at the tightly closed door that gave her this room entirely to herself»
Page 67 dans la traduction 10/18 (1990)
« Elle se pencha pour ôter ses souliers et s'allongea, étira son corps sur la surface immense, moelleuse, jetant un regard satisfait sur la porte bien fermée qui lui garantissait la possession de cette chambre »
Page87 dans la traduction Gallmeister (2021)
« Elle se pencha en avant, enleva ses chaussures, puis s'allongea sur le dos, s'étirant sur sa vastitude majestueuse et réconfortante, tournant joyeusement la tête vers la porte hermétiquement fermée qui lui offrait cette chambre, à elle et à elle seule »
Je ne sais pas s’il s’agit d’une traduction automatique non vérifiée ou mal vérifiée mais…
Sa vastitude majestueuse et réconfortante… merci pour ce moment.


Orouet, le
en cette période "anti-vast" , être majestueux et réconfortant peut apporter quelques repères en cas d'élections ...
;-)


Moi, je veux bien relancer la discussion sur les origines du jeu d'échecs. Mais il faudrait déjà sérier les problèmes :

a) l'origine asiatique (Inde, Perse, puis transmission via les Arabes). Je ne connais rien à ces civilisations sinon que ce que j'en ai lu ...dans les revues d'échecs. Si vous avez quelque chose à ajouter, prenez le micro.

b) l'origine grecque ou pseudo-grecque (Palamède, Caïssa...) : Est-ce que cela remonte à l'Antiquité ou est-ce que cela a été forgé plus tard (ce qui culturellement, serait tout aussi intéressant) ?

c) la transmission du jeu vers l'Occident.
Qu'est ce qui nous permettra de décider que le jeu a été transmis ?
c1) Le premier traité sur le jeu d'échecs ?
c2) La première mention d'une partie d'échecs dans la littérature (au sens large, y compris la mythologie)?
c3) Les sources archéologiques qu'on peut décomposer ainsi :
c31) Le premier jeu complet ? (échiquier + toutes les pièces)
c32) Le premier jeu complet ? (seulement l'échiquier)
c33) le premier jeu complet ? (seulement toutes les pièces)
c34) le premier jeu incomplet ? (seulement une ou quelques pièces)


L'un des jeux les plus anciens ,presque complet, est le célèbre "Jeu de Charlemagne" .
En fait il aurait été créé dans le 11è siècle, et correspondrait à l'époque Normande.
Comme le montre le fantassin (pion) , ici repris en couverture d'une très rare revue de 1912," la Renaissance Echiquéenne" (photo tirée du très beau site de Dominique Thimognier "Héritage des échecs") :

http://heritageechecsfra.free.fr/images/la-renaissance-echiqueenne.jpg


Davout, le
Sur les jeux celtiques :

https://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1970_num_77_4_2551


Certes. Il a une bonne tête de pièce médiévale, votre pion. Mais si le jeu est presque complet, cela signifie malheureusement qu'il est incomplet, et donc qu'il entre dans la catégorie c34.

Et la catégorie c34, c'est celle qui ne prouve rien. Parce qu'un jeu incomplet pourrait très bien non pas appartenir à des joueurs, mais à un trésor princier "quelconque" (en tout cas pour notre propos) : votre pion est probablement fabriqué en ivoire, et intrinsèquement, il a la même valeur qu'une émeraude ou qu'une "babiole" en or.

Le plus ancien jeu complet (c33) se trouve en fait ici : https://www.nms.ac.uk/explore-our-collections/stories/scottish-history-and-archaeology/lewis-chess-pieces/. Et je vous concède bien volontiers que stylistiquement, ça se ressemble, autrement dit que ça vient de Norvège.


@Davout : croisement avec votre post, que je lirai demain.


Chemtov, le
Donc à peu près 300 ans après les premiers problèmes d'échecs connus.
( ''Late 12th – early 13th century'' pour Lewis. Et 890 pour le ''Kitab-ash-shatranj'' )


Oui. Sauf que vous êtes dans la rubrique (a) et que comme je l'ai précisé, je ne connais rien à la civilisation arabe.

Je ne sais donc pas ce que signifie votre "donc" et ne comprends pas le pont que vous essayez d'établir entre Lewis et la civilisation arabe.


Chemtov, le
Désolé. Je comprends mal le sujet.


Idem ...


Je voulais simplement marquer que le seul domaine dans lequel je me sens quelque compétence, c'est celui de l'introduction du jeu d'échecs dans l'Europe médiévale.

Ce qui s'est passé avant, en Inde, en Perse ou dans le monde arabe, je le connais comme vous via l'histoire officielle du jeu d'échecs. Mais je serais bien incapable d'y apporter le moindre grain de sel. Terra incognita !


Krusti, le
Pour ce qui touche à la représentation du jeu d'échecs en littérature...
Pris par la lecture (en apnée) je ne m'étais pas arrêté à cette délicieuse évocation et je dois à Adèle Van Reth dans son émission d'hier (43° minute) de m'avoir donné envie de revenir au texte.
Philippe Lançon (In Le lambeau) y parle de "sa"chirurgienne.
"Je la comparais en présence de mes amis, à un excellent joueur d'échecs, Fischer Kasparov ou Capablanca... Elle connaissait toutes le combinaisons maxillo-faciales, elle calculait ses coups à l'avance sa technique était sûre, et sa passion du geste exagérée comme tout passion."


Krusti, le
Une brève approche de la BD "un monde en pièces" aux dialogues parfois douteux mais aux trouvailles souvent amusantes.


Krusti, le
Une évocation plutôt qu'une représentation du jeu d'échecs en littérature où l'on apprend que l'on jouait aux échecs au Dôme le célèbre restaurant parisien.

Le Dôme
Samedi 7 Octobre [1939]
Mon amour
je reprends la lettre interrompue, je suis restée bonne dernière tout au fond du « Dôme », dans le coin des joueurs d'échecs et ça m'a fait drôle en sortant de voir le café, derrière ses vitres bleues, tout vide déjà, avec trois garçons qui faisaient les comptes à la caisse; dehors, il y avait un tas de gens, par petits groupes, hésitant à se disperser, c'était plaisant.

Lettres à Sartre.
Simone de Beauvoir.
Gallimard (NRF) page 165.


Krusti, le
Je place ça ici.
Nous sommes en 1389.
"Le métier subtil de l'espion est un jeu d'échecs. Qui sait prendre subtilement mat son adversaire."
A écouter dans l'émission du jour (42'50"):
Comment espionnait-on au Moyen Âge ?
Krusti, Maitre de la Fédération Internationale des Échecs d'Alfortville Nord (tout près de Chinagora).
Ne me remerciez pas.


Krusti, le
je place cela ici pour ne pas multiplier inutilement les fils et puis également parce que dans une certaine mesure il est question de mettre en lien l'art et les échecs.
A la gloire de la PQR. Quelqu'un saura-t-il nous dire de quel titre de champion de France 2015 il est question dans cet article de var-matin ?


Orouet, le
"Qui sait prendre subtilement mat son adversaire ? "
(le point d'interrogation est mien, m'enfin Krusti n'est point innocent...)

les Chevaliers sont occupés
les Tours ?! pff
rapport secret, aucune mention ...perso, je vois bien le Fou , si proche !


Krusti, le
@Orouet c'est fort juste.
D'avoir écrit mat et non mate m'a plongé dans une grande perplexité à la relecture.
Quand j'ai mieux compris la formule, avec mate, les 10 minutes de tolérance/modification de FE étaient déjà derrière moi (note pour mon biographe).


Chemtov, le
PQR ?


Krusti, le
Presse Quotidienne Régionale. Chemtov sors de cette grotte !!!! ;-)


Chemtov, le
Ah... j'ai trouvé ( wikipedia est ton ami !). Cependant j'ai eu un sérieux doute en découvrant la seconde proposition...

https://fr.wikipedia.org/wiki/PQR


Chemtov, le
@Krsuti : Je venais juste d'envoyer ma contribution hebdomadaire à un membre de cette PQR ( environ 1600 articles déjà parus, mais je ne savais pas que je travaillais pour la PQR ! ).


PopulusQue Romanus ?


à Krusti : il s'agit de l'Open B du Championnat de France de Blitz 2011 à NICE. (OPEN B : Elo rapide entre 1600 et 2000 )
http://echiquiernicois.free.fr/ChFRABlitz2011BGa.htm


Krusti, le
Bien reçu @Supergogol. Merci !
NB 2011/2015 La PQR n'est pas toujours très précise...


Krusti, le
Vient de sortir un film avec au générique plus de 7 000 points elo (Pauline Guichard, Fabien Libiszewski et Yosha Iglesias en figurants).
C'est assez rare pour que je l'évoque ...
Le GMI évoqué est superbe dans sa veste rouge et repérable assez tôt dans le train en train de lire une revue.
Murder Party qui ne parle pas du tout d'échecs.


Krusti, le
Une anecdote en toute fin d'émission vers la 50° minute, le coup de coeur de Jérôme Garcin se trouve être "Fragile des bronches", de Bertrand Blier (Éditions Seghers).
On y apprend que "papa Blier jouait aux échecs avec Henri-Georges Clouzot"
Rien que ça...


ArKheiN, le
Par rapport au film sus-mentionné ça a quand même l'air d'être un sacré navet.


Orouet, le
j'imagine :
"Aux quatre coins d'l'échiquier qu’on va l’retrouver éparpillé par petits bouts, façon puzzle."


Reyes, le
Attention! J'ai le glaive vengeur et le bras séculier ! L'aigle va fondre sur la vieille buse !... - Un peu chouette comme métaphore, non ? - C'est pas une métaphore, c'est une périphrase. - Fais pas chier !... - Ça, c'est une métaphore.


Krusti, le
Vous me recopierez vingt fois : « Je provoque l'hilarité de mes camarades par mes propos saugrenus ».


Krusti, le
Extrait des diaboliques (HG-C) comme chacun sait... Je précise au cas où.


Orouet, le
"ha, ha, ha!"
(propos sots et grenus ...)


Kosmo, le
J'ai enfin pu voir sur grand écran "Stalag 17", film de Billy Wilder de 1953.
La majorité de l'action se déroule à l'intérieur du baraquement de prisonniers dans lequel un jeu d'échecs, dans sa position initiale sur une table , joue un rôle dans l'histoire. L'échiquier est correctement installé dans la majorité des plans, mais il y a quelques plans au milieu du film où l'échiquier est mal positionné (case en bas à droite incorrecte et les Dames et Rois mal placés). Sans trop divulgacher, disons que la Dame noire est une pièce qui sert de "boîte aux lettres" à un traître avec les gardiens du camp.


Krusti, le
Stalag 17 ? Merci du tuyau.
Intéressant je viens de passer commande sur Rakuten il n'était pas chez Potemkine.


Krusti, le
Des suites d'une méprise avec mon libraire, je me suis fait refourguer le joueur d'échecs mais pas celui que j'avais commandé. Je le présente ici et .


Krusti, le
Je viens de terminer le visionnage de Stalag 17.
Étonnant à plus d'un titre.
Merci beaucoup @Kosmo d'avoir attiré mon attention sur ce film.
J'en extrais ici quelques photos...


Kosmo, le
@Krusti: pas de souci! Vos différents messages m'on inspiré, et je me suis décidé à poster plus souvent ici.
Belle initiative que de reprendre ces photos de Stalag 17 sur votre site que j'ai découvert récemment. J'imagine que vous avez acquis le DVD du film, toujours plus facile pour faire des captures d'écran ;) Je visionne quasi exclusivement mes films en salle, et j'oublie souvent de penser à prendre noter des occurrences de jeu d'échecs.


Krusti, le
@Kosmo c'est une bonne nouvelle (que vous postiez plus souvent ici...) compte tenu déjà de cette trouvaille de Billy Wilder que vous avez apporté...
En effet concernant Stalag 17 j'ai acheté le DVD; pas tant dans l'optique des captures d'écran (même si inconsciemment...) mais bien parce qu'à mon avis il ne doit pas être si souvent à l'affiche.
...
Pour rester dans les occurrences du jeu d'échecs dans les arts je retourne voir la semaine prochaine "Le cercle des illusionnistes".
A cette occasion je relisais cet article pour m'arrêter sur la formule "...derrière les circuits du Turc mécanique...".
Je n'ai pas souvenir lors de ma première expérience de cette pièce que ce turc mécanique ait été présenté sous sa facette "joueur d'échecs".
Je me montrerai plus vigilant la semaine prochaine.


Krusti, le
De retour du Théâtre du Splendid (hier soir) où se joue actuellement Le cercle des illusionnistes qui sans être dédié au jeu fait une belle place à celui-ci à deux moments particuliers.
Aucune partie n'est jouée mais la présence dans plusieurs scènes du jeu et des pièces est pour nous l'occasion de ressentir quelque-chose.


Chemtov, le
Heureux homme qui a le temps d'aller au théâtre ! ( le club d'échecs était fermé ? )


Meteore, le
"Les derniers jours des fauves" de Jérôme Leroy. .....s'il s'était appelé Jérôme Leprince, on aurait pu penser au frère Cadet de l'empereur....
Un roman politico-policier au suspense assez haletant qui se situe dans le contexte de l'élection présidentielle 2022 , sous une forme uchronique, virant à la dystopie....

Comme l'auteur est quasiment inconnu, je recopie la notice biographique :
Né en 1964 à Rouen, JL à été pendant près de 20 ans professeur de français dans une Zep de Roubaix. Depuis 1990 il signe à la fois des romans, des essais, des livres pour la jeunesse et des recueils de poésie.

Un des personnages, militaire versé dans l'art du cabinet noir, est régulièrement décrit comme joueur d'échecs. Je cite une phrase :

"Sauf que pour l'instant c'est Manerville qui a les blancs, dit Abel Caliban, abonné à Europe Echecs depuis les années 60 et joueur moyen mais opiniâtre"

Les échecs ne jouent aucun rôle particulier dans l'intrigue mais la référence à EE dénote une connaissance certaine du monde des échecs je crois


Krusti, le
L'approche du masque sur le livre évoqué par Meteore... (quel clin d’œil agréable en direction d'EE 👏 )
Sinon au passage je viens de recevoir Le fou noir une nouvelle d'Arrigo Boito particulièrement trash ! (Un billet à venir...)
Les horaires du Cavalier de l'Espérance de Maisons Alfort sont disponibles sur notre site. 😉


Peut-être déjà citée, "une curieuse omission" est une nouvelle policière du grand Isaac Asimov, plus connu pour ses textes d'Anticipation et de Science-fiction.
Cette nouvelle est tirée d'une série appelée "Les veufs noirs", que je vous recommande .
Ici, les veufs noirs enquêtent sur le jeu d'échecs d'"Alice au pays des merveilles"


Meteore, le
@krusti: j'avais en effet décidé de lire ce livre après avoir écouté le masque....sur la littérature d'aujourd'hui cette émission est toujours très distrayante...et cela peut donner des idées...


Krusti, le
@Meteore, excellent définition du masque "distrayante et pouvant donner des idées".
C'est un peu comme la plateforme FE dans ses meilleurs moments au fond. 🙂


Krusti, le
"Cette humeur sombre ne fit que s'accroître les jours suivants, et il régna entre eux des moments de silence d'un quart d'heure ou vingt minutes. Mais ce n'était plus ce silence délicieux d'autrefois, qui forçait Mme de Chasteller à avoir recours à une partie d'échecs".
Lucien Leuwen (fin du chapitre 34).
Stendhal


Orouet, le
super post (article) !
Culture, intelligence, tout y est !
merci à tous ;-)




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