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Dr Max Euwe par o***2643 le
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Que pensez vous des 2 tomes de Max Euwe "Les echecs" ?
On parle souvent du 2ieme tome "Jugement et plan", mais rarement du premier "position et combinaisons". Pourquoi ?
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juste une question : comment prononce t-on Euwé ? euh-vé ?? euh-voué ?
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Bah... ça a beaucoup vieilli...c'ètait adapté aux amateurs des années 50,pas à ceux d'aujourd'hui...
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?? Dans "Jugement et Plan" , je ne vois pas ce qui n'est plus valable aujourd'hui..
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Ca reste pour moi une des meilleures façons (à moins d'avoir un entraîneur personnel bien sûr) d'acquérir les bases, qui sont indispensables pour aborder les ouvrages les plus connus. La seule réserve, c'est qu'il faut sans doute relativiser le chapitre sur la majorité à l'aile dame -à l'époque le concept d'attaque de minorité était moins bien maîtrisé et cela passait pour un avantage majeur depuis Steinitz. Il faut lire ce chapitre comme un cours sur la façon d'exploiter une majorité à l'aile dame, mais ne pas en conclure qu'elle procure un avantage tangible.
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JUgement et plan est génial
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EuBe guronsan
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Septique ! Extrait du livre de Stean (Les echecs simples): "Les attaques de minorité sont issues de la structure de pions, lesquels dépendent de l'ouverture. Retournez à l'ère d'un Alekhine ou d'un Capablanca et vous verrez des tas d'attaque de minorité ..." Alors, pas maîtrisé en 1954 les attaques de minorité ???
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Cocovitsch beaucoup trop sévère Pour un joueur moyen ou un peu inférieur c'est excellent. Les grands livres du passé font souvent le point sur les lignes classiques, et sont indémodables !
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Excellents livres... le tome 1 : "position et combinaison" est plus succinct que le tome 2 : "jugement et plan". Le tome 1 aborde la question de tous ce qui concerne les pions : squelette de pions, faiblesse de pions, percée, ouverture de colonne. Le tome 2 aborde plusieurs thèmes : majorité de pions sur l'aile dame, attaque de minorité, cavalier contre mauvais fou, affaiblissement de l'aile roi, attaque sur le roque et reprend succinctement la question des pions du tome 1(pions faibles, cases fortes).
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Ole Bon j'ai peut-être tort, mais j'ai l'impression que les plans n'étaient pas encore arrivé au même degré de raffinement en 1930 qu'après la guerre, et même si Euxe a écrit le livre en 1954 c'était essentiellement un joueur d'avant-guerre. Je voulais juste dire qu'on sous-estimait avant guerre (avec Steinitz et Tarrasch) les possibilités du camp à la minorité à l'aile dame, et pour ça Euwe était assez vieille école.
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Tout à la lecture du tome 1 (pour l'appeler ainsi) je me retrouve avec ce diagramme (le diag 15 page 30 dans mon édition Payot) avec comme jugement page 31 ce lien...
8/5kpp/8/5p2/p7/P7/1P3KPP/8 w - - 0 1
Mais j'ai un doute sur la suite de coups que propose le Docteur pour sa démonstration...

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A l'heure de Stockfish et compagnie, c'est plus qu'un doute. Saurais-tu expliquer ce qui ne va pas, Krusti ?
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Oh c'est très simple. J'ai juste constaté que les coups joués n'étaient pas les meilleurs (pour les finales de pions je laisse toujours tourner une machine...). Apparemment les Blancs peuvent obtenir une nulle.
Je voulais juste par ce post m'assurer que je ne rêvais pas.
Je ne dis pas qu'avec cette couleur j'y parviendrais d'ailleurs à cette nulle...
Bon le bon Docteur voulait nous persuader ici que le pion b2 était le point faible de la position blanche (du fait de la présence du pion a4). J'en reste par ailleurs convaincu c'est l'essentiel.
Mais concrètement les Noirs ne se retrouvent pas forcément avec un pion passé les menant à la victoire. Voilà le stade où j'en suis :-).
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Il aurait du mettre le pion en g6. Peut-être avait-il commencé ainsi sa composition. Et pensé ensuite que 1...g7-g5 et 1...g6-g5 reviendraient au même (ce qui est le cas après 1.Re3) Question d'esthétique... Pas facile de voir que 1.h4 allait tenir, avec le pion en g7 (mais perd avec le pion en g6).
Et dans la suite donnée, il doit aussi inverser f4 et Re6.
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La majorité blanche est bloquée tandis que la noire est saine. C'est ce que Euwe a souhaité illustrer et la position serait parfaite sans les pions h. Seulement avec les pions h un autre thème apparaît, important dans toutes les phases de la partie. Si la machine donne les coups, il doit être possible de trouver les mots pour en parler, non ?
Je n'avais pas vu ton commentaire, Chemtov.
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Les bouquins d’Euwe sont évidemment un must pour tous les historiens du jeu.
En revanche du point de vue de l’enseignement, ils sont totalement périmés.
Non seulement ils sont truffés d’erreurs tactiques mais encore ils sont souvent faux conceptuellement.
Evidemment regarder des positions classiques en s’aidant d’ordinateurs est profitable, mais vouloir apprendre les échecs ( ou quoi que ce soit ) en « s’aidant »d’un manuel faux est une idée qui me dépasse !
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Et pourtant ça marche ! Il est extrêmement utile de suivre l'évolution historique de la pensée pour comprendre les idées d'aujourd'hui. Coupées de leur racines, ces idées, hors sol, n'ont souvent aucun sens pour ceux qui les découvrent. Est-ce que tu travailles avec des débutants adultes ?
De quels concepts faux parles-tu ?
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@Doc à vrai dire l'approche a priori que j'ai de la lecture de ce livre tient en trois tiers.
Premier tiers je me suis promis depuis toujours de le lire pour m'en faire une idée (un mélange de souhait de "culture", de curiosité au sens large... me dire tout simplement OK je sais maintenant de quoi il retourne).
Deuxième tiers connaitre l'état de l'Art à l'époque, dans son contexte et aussi découvrir le style de l'auteur. Un amour de l'Histoire sans savoir si le H est vraiment majuscule..
Troisième tiers tenter avec la machine (mais aussi d'autres approches comme les conséquences de ce que je poste ici) de repérer non pas tant ce qui serait à virer du bouquin mais bien plutôt ce qui serait à conserver.
Et pour ce qui est donc des éléments qui passent le test de la machine (car j'imagine que tout n'est pas à jeter... mais comment le savoir avant la lecture ?) il va s'agir de se réapproprier le contenu quitte à le reformuler et ce n'est pas forcément moi qui serait à la manœuvre pour le faire au mieux.
Beaucoup plus ambitieux que ce que proposait @Slucaino plus haut " il doit être possible de trouver les mots pour en parler, non ?" je pense qu'il est nécessaire et obligatoire de trouver les mots pour en parler et cela porte un nom c'est la qualité pédagogique.
C'est au pédagogue d'énoncer clairement ce qui se conçoit clairement.
En bout de course bien sûr c'est Menon qui doit en faire autant ...
#JeSuisMenon
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Je voudrais comprendre aussi ce qui serait ''à jeter''. Ce qui serait nocif pour le lecteur/élève/disciple, venant de la part d'un grand-maître, champion du monde et pédagogue reconnu, par d'autres grands champions (Karpov notamment).
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Fischer et Kramnik ont reconnu aussi les mérites de Euwe, parmi d'autres.
Il faut être GMI pour avancer que ses idées seraient "périmées". Ou être le "Bourgeois gentilhomme". Euwe écrivait ses ouvrages pour les joueurs de club et les joueurs confirmés, les meilleurs n'ont pas besoin de les lire.
Il développe des principes essentiels toujours utiles, et il est peu opportun de mettre les exemples donnés sur le grill de Stockfish. Aucun ouvrage n'y résisterait d'ailleurs, pas même les "100 parties" de Fischer.
Pour ma part, j'ai appris à jouer avec le "Bréviaire" de Tartakover, qui n"a sûrement pas vieilli. L'apprentissage se fait étape par étape, et celle que propose Euwe est forcément bénéfique.
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A mon avis, Krusti, ce n'est pas seulement l'affaire du pédagogue de trouver les mots, mais aussi de chacun qui désire progresser. Cela permet d'échapper à une lecture trop passive.
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@Slucaino c'est tout ce que contient mon clin d'œil #JeSuisMenon.
Après il est dans l'ordre des choses que le pédagogue aide/assiste/montre/indique... par les mots.
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Le diagramme 17 (joint) permet au docteur hollandais de reprendre la main. Il décrit efficacement un défaut récurrent chez le joueur novice qui tient dans la formule je le cite "...une poussée de pions qui n'a pas été précédée d'une réflexion suffisante"
Ah mais voilà que je reconnais la genèse des diagrammes 18 & 19 au fort parfum de CK !

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Le diagramme 20 (joint) est cruel pour le Dr Euwe.
il est indiqué en dessous: Pions doublés à cause d'une reprise vers l'aile, ce qui conduit à la perte de la partie.
Pour cela il s'aide de la suite de coups suivants.
1. Ke2 Ke7 2. Ke3 Ke6 3. c4 f5 4. f4 f6 5. g3 g5 6. h4 h6 7. h5 g4 ?? 8. d5+ cxd5 9. c5 Kd7 10. Kd4 Kc6 11. a4
Mais il semble bien que 7... g4 soit une sévère gaffe des Noirs dans une position encore quasiment égale. Non ?
A mon humble niveau je ne jouerais jamais g4 avec les Noirs persuadé que je ne cours aucun risque de ce côté de l'échiquier où je suis en surnombre.
Euwe commente ainsi le coup g4 des Noirs "L’aile Roi est maintenant cadenassée" sans préciser à qui profite ce cadenas. Il est pourtant manifeste que c'est aux blancs qu'il profite. Or donc un coup noir (g4) permet d'améliorer la situation des Blancs.
Poursuivons... ce bémol n'altère en rien le plaisir de la lecture, bien au contraire. On est au moins sûr de ce que l'on apprend puisque l'on interroge l'outil de bout en bout.

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7...g4 présente l'inconvénient d'abandonner un temps de réserve, mais à part ça, avec ou sans ce coup, les Noirs n'ont pas de jeu à l'aile-roi et sont perdus en raison de la majorité blanche saine sur l'autre aile. Pourquoi la position serait-elle "quasiment égale" ?
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''Cruel pour le Dr Euwe'' ? Article remarquable, au contraire. Euwe aurait pu faire jouer d5+ aux blancs un coup plus tôt (avant h5). Mais pour la meilleure compréhension du lecteur, il préfère éliminer les questions à l'aile-roi. Avant d'arriver à la finale gagnante à l'aile-dame.
Sosonko rappelle que le matériel de Euwe (Practische Schaaklessen) était même utilisé à la Maison des Pionniers de Leningrad !
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Franchement cette discussion sur l'intérêt pédagogique de ces bouquins me laisse pantois, spécialement pour ceux qui conseillent encore ces antiquités - dont Euwe lui-même ordonnerait qu'on les retire de la vente, j'en suis persuadé !
Dans le même ordre d'idée, on pourrait conseiller à qui veut passer le code de la route un bouquin datant de De Gaulle,ou bien à un étudiant en informatique, un livre sur windows des années 90.
Je ne vois d'ailleurs pas un autre pays, que notre bon vieil hexagone où cette discussion pourrait avoir lieu !
Sinon pour répondre à plusieurs arguments, je ne vois pas bien en quoi un champion du monde est compétent pour enseigner aux débutants (certes Euwe était prof de son métier, c'est beaucoup plus sérieux comme point à faire). Les meilleurs bouquins d'échecs dans ce style ont été écrits par des non champions du monde, il me semble.
Sur les bouquins anciens, je conseille plutôt les Larsen, le Stean, ou même Tarrasch -un pédagogue remarquable, à mon avis bien meilleur qu'Euwe.
Et le Kmoch sur les pions était bien pour l'époque !
Sinon chemtov, oui je fais beaucoup de cours d'adultes débutants, et sur les concepts faux d'Euwe, par exemple ses croyances sur la Carlsbad avec son idée que l'attaque de minorité gagne pratiquement automatiquement.
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DocteurPipo : Bah... pense ce que tu veux... Mais s'il ne t'intéresse pas (ou si tu ne le comprends pas) n'en dégoûte pas les autres.
''Les autres'' : Pour moi, c'est une vraie Madeleine de Proust, cet ouvrage de Euwe. En le relisant (depuis hier soir) je retrouve non seulement toutes les structures, finales, règles, principes, petites phrases, exercices, etc... étudiés dans mon enfance, mais je remarque, en relisant mes vieux carnets de parties, que ce que je re-découvre dans Euwe correspond aussi aux ouvertures que je jouais (Caro-Kann, Ecossaise, Espagnole, Gambit-Dame, etc...).
Bref... je ne sais pas ce qu'il y a redire sur ce livre (''truffés d'erreurs''??), remarquablement écrit et construit, mais je sais qu'entre 1971 et 1974, c'est lui qui m'a fait progresser (lu et relu) et a façonné mon raisonnement (Nimzowitsh n'était pas traduit).
1971 : Open de Strasbourg : 0 0 0 1 0 0 0 0,5 0 = 1,5 sur 9 (avant-dernier)
1974 : Open du Championnat de France : 1 0,5 0,5 1 1 0,5 1 0,5 1 1 1 = 9 sur 11 (deuxième)
Entre les deux tournois, mes livres de chevet : Positions et combinaisons (de Euwe), Tigran Petrossian/L'intuition à l'affut (de O'Kelly), Mes 60 meilleures parties (de Fischer) et deux ou trois livres d'ouvertures (de Rolf Schwartz et de Euwe, en allemand).
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Voici l'article du GM Gennadi Sosonko au sujet de Max Euwe :
'' Première rencontre :
À l'été 1972, j'ai quitté l'Union soviétique, mes bagages constituant uniquement d'un désir ardent de quitter le pays, d'une vision plutôt vague du monde extérieur et d'une valise pleine de livres. Selon la réglementation, je n'étais autorisé à emporter que des livres imprimés dans le pays après 1945 ; les livres imprimés avant cette date nécessitaient une autorisation spéciale.
Surmontant les obstacles bureaucratiques, j'ai obtenu le tampon souhaité du ministère de la Culture – « Autorisation de sortie d'URSS » –
pour un livre imprimé en 1936. C'était un livre d'échecs. Je l'avais utilisé à plusieurs reprises pour donner des cours aux enfants à la Maison des Pionniers de Leningrad, où j'avais travaillé comme entraîneur ; à ce jour, je le considère comme l'un des meilleurs livres d'échecs jamais écrits.
Je le possède toujours. La page de titre indique : Max Euwe / Cours d'échecs. Sur la page de l'éditeur figure le titre en néerlandais « Practische
schaaklessen » ; je ne m'arrête même plus au double « a », si inhabituel en russe, dans le deuxième mot du titre.
Je n'aurais jamais imaginé que, quelques mois après mon départ, je parlerais à l'auteur, que je le rencontrerais fréquemment et que je jouerais même un petit match avec lui.''
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Le Fischer,et les parties de Petrosian tu n'as pas perdu de temps, deux remarquables ouvrages !
C'est certainement ceux-là que tu devrais remercier pour tes progrès rapides...
Mais sinon, oui je pense qu'il est important d'orienter les débutants vers de bonnes bases -surtout qu'il existe désormais, en la matière, beaucoup d'éléments même en livres.
Aujourdh'ui pleins d'auteurs peuvent guider beaucoup plus utilement les premiers pas ou les joueurs moyens (comme Mac Donald, entre autres).
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Pour revenir à 7... g4 dans le dernier diagramme deux choses m'étonnent.
La première c'est que ce coup (même pour moi) est à l'évidence une grosse erreur (on peut toujours dire qu'elle ne l'est pas tant que ça au regard de la fin de l'aventure mais je sais qu'un tel coup joué dans une de mes parties m'aurait légitiment valu une volée de bois vert et c'est normal). Il est objectivement mauvais et ne fait qu'accélérer l'agonie des Noirs. En atténuant la gravite de cette faute on ne change rien au malaise.
Pourquoi Euwe a-t-il inséré ce coup qu'il savait certainement mauvais ?
C'est donc la première question. Elle reste ouverte et n'a rien d'acide.
La deuxième porterait sur le commentaire. Le coup est mauvais, il affaiblit de fait la force de sa démonstration, mais il le commente néanmoins l'air de rien.
Maw Euwe serait-il facétieux ?
Je reprends espoir. :-)
A noter qu'après 7... g4 joué (diag) la démonstration gagne en clarté et efficacité !!!

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@DocteurPipo : Le sujet du post, c'est le grand Max Euwe et ses excellents livres. Bon... ton avis est certes intéressant, mais je préfère les avis de Sosonko, Karpov, Nunn et... le mien !
Bon... pour revenir au sujet :
Pour la finale du diagramme de Krusti (comme dans la Caro-Kann exCf6), j'en ai vu une, fort jolie, il y a huit jours, lors de notre petit open interne de Pâques. Jean-Claude Letzelter (qui a eu 85 ans, avant-hier !) a fait une belle démonstration à sa jeune adversaire (qui avait pourtant bien étudié la théorie récente de cette variante). En plus, il y avait encore des tours, ce qui rendait l'exercice plus complexe. Je vais essayer de remettre la main dessus.
Dans ma jeunesse, le matériel de Euwe m'avait aussi permis de découvrir des passerelles vers d'autres ouvrages ou revues (cette finale revient dans Fischer-Addison). A cause de cette finale de pions doublés, j'ai aussi joué la variante d'échange de l'Espagnole (j'en avais gagné deux dans cet open de 1974, dans les dernières rondes).
@Krusti: ''A noter qu'après 7... g4 joué (diag) la démonstration gagne en clarté et efficacité !!! '' Exactement. C'est ce que j'ai écrit précédemment. (''pour la meilleure compréhension du lecteur, il préfère éliminer les questions à l'aile-roi''). Ce n'est pas le défaut, mais au contraire la force de son livre. Un peu comme la démarche, dans Maître contre Amateur. Mais là les imprécisions adverses ne changent rien au jugement de la position.
Elles nous permettent de voir plus vite le but recherché.
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Le point de vue de Xavier Bédouin, MI et Maître-Entraîneur sur Position et combinaison et sur jugement et Plan.
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Et bien M. Bédoin argumente bien son évaluation des ouvrages et confirme ce qui a été dit : il s'agit d'ouvrages d'initiation pour les joueurs de club, pas d'une somme théorique qui, alors qu'elle est vieille de 70 ans, serait nécessairement dépassée.
Il n'est pas judicieux d'opposer ouvrages anciens et ouvrages récents, en matière d'apprentissage. D'ailleurs si l'on passait les ouvrages récents à la moulinette Stockfish (en supposant que l'auteur ne l'ait pas déjà fait), on pourrait encore ratiociner sans fin.
Tout est complémentaire. Si l'on se sent assez fort pour se passer des conseils d'un champion comme Euwe, c'est un autre débat ...
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Une phrase de Garry Kasparov qui pourrait s'appliquer à de nombreux livres anciens : « Les "dogmes" de Tarrasch ne sont pas des truismes éternels, mais simplement du matériel didactique présenté sous une forme accessible et spirituelle, ces rudiments nécessaires à partir desquels on peut commencer à saisir les secrets des échecs. »
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Après... comment interpréter le terme ''vieillot'' utilisé par Bédouin ? Il veut dire que c'est écrit en français ? Que le livre nous plonge dans le charme d'une autre époque ?
Quant à sa réserve, concernant ''l'unité du livre'', il y a quelque chose de bizarre. A-t-il bien lu le livre ? Il écrit :
Par exemple, après différents chapitre concernant ''les structures de pions'', on a subitement un chapitre sur ''les méthodes positionnelles pour activer le Fc8 dans le gambit-dame''.
Il donne l'impression de ne pas voir compris le lien entre ''les structures de pions'' et les modifications de ces structures. Qui sont justement ''les méthodes positionnelles pour activer le Fc8 dans le gambit-dame''. Euwe donne d'ailleurs un lien entre ce chapitre X et l'une des parties du troisième volet du livre. Bédouin aurait-il seulement ''survolé'' rapidement le livre ?
Au sujet de ''l'unité du livre'', je trouve justement que le livre n'est pas trop ''lourd'', grâce à ce va-et-vient entre les différents volets (dans Jugement et Plan, il y a peut-être davantage cette juxtaposition de thèmes pas forcément liés entre eux).
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Facétieux je ne sais toujours pas à moins que...
Page 51 et au début du chapitre IV relatif aux colonnes ouvertes et dan la position jointe:
Non ! Un peu de réflexion vous fera comprendre que le coup Dé7 est mauvais, même si l'on arrivait à prouver qu'il y a pire !
Seul truc je me demande pourquoi (mais ce n'est pas le seul ouvrage comme ça...) la colonne e devient la colonne é.

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Instinctivement je dirais que De7 est mauvais ici d'ordre général car il bloque le Fe7, s'expose à l'ouverture de la colonne e après roque blanc avec ou sans Fg5 suivi de Te1 et Cd5.
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Les é et ç ont été traités précédemment sur FE
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La toute fin du chapitre IV qui se termine avec le diag joint contient une formule qui nous rappellera l'étonnant 7... g4 vu plus haut et qui nous a valu comme une pédagogie spéciale (et à vrai dire assez lunaire) du type "Je place un mauvais coup de l'adversaire mais c'est dans le but, comme par contraste, de faire ressortir la brillance de ce qui suit..."
Maw Euwe nous dit (et il utilise le nous): C'est volontairement que nous avons choisi un exemple dans lequel la lutte pour une colonne ouverte n'a pas donné un résultat éclatant, c'est à dire, une colonne vraiment ouverte, sur laquelle la Tour puisse exercer une influence dominante; de tels exemples qui ne donnent qu'un demi-résultat sont caractéristiques des débuts. Un résultat 100% n'est possible que si votre adversaire joue mal et nous ne voulons pas donner des exemples dans lesquels un adversaire joue des coups que la logique peut réfuter. C'est de cette manière...
Moyennant quoi, nous arrivons page 55 et je dois dire que les exemples choisis sont bons et clairs. Les joueurs d'espagnol ont dû se régaler à cette introduction.

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Pour ce qui touche au reproche du MI Xavier Bédouin relativement au manque d’unité je ne le ressens toujours pas en tous cas à ce stade... et à l'inverse je suis favorablement impressionné par le passage des 3 premiers chapitres (pions, faiblesses des pions, squelette) au 4° (les colonnes). J'ai rarement vu à vrai dire une transition aussi agréable et limpide.
NB pour les lecteurs futurs je place dans un pgn la plupart des diagrammes ou des séquences que ME propose. Il me semble qu'un tel pgn existait déjà en ligne mais je ne le retrouve pas.
A bon entendeur...
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Trois réflexions :
1) é et e, c et ç....
Mystère... Si l'origine de ces é et ç se trouve peut-être dans le jeu par correspondance (pour bien différencier e et c, dans les envois manuscrits), on se demande quand même pourquoi cette orthographe apparait de manière si anarchique dans des ouvrages réputés.
D'abord, j'ai cru que seuls Henry et Denise Catozzi, traducteurs ou superviseurs, chez Payot, utilisaient ces lettres (par exemple pour ''Les idées cachées dans les ouvertures d'échecs'' de Fine, dans ''Plaisir des Echecs ''de Assiac / H.Fraenkel ou dans notre ''Position et combinaison'' de Euwe). Mais non... d'autres les ont aussi utilisées comme J.Dupuis dans ''Initiation à l'art des combinaisons'' (tiens....j'avais quand même un livre d'exercices tactiques quand j'étais petit? ) et même chez... François Le Lionnais !
En effet, les célébrissimes ''Prix de Beauté aux Echecs'' ne dérogent pas à la règle, en mélangeant en plus diverses possibilités! Parties sans accents, ni cédilles, parties avec accents mais sans cédilles, parties avec accents et cédilles ! Tout dans le même livre !
Je parle bien sûr de l'édition originale (dédicacée par l'auteur à mon papa). Les éditions plus récentes ont hélas effacé ces singularités historiques (j'ai horreur des éditions ''revues et corrigées'').
2) Pédagogie ''spéciale et lunaire'' : L'immense succès de ''Maître contre Amateur'' et ''Amateur devient Maître'', du même grand champion, repose sur cette pédagogie (reprise par l'ami GM Mathieu Cornette). Euwe a eu l'idée de composer lui-même des positions, puis des parties entières qui réduisent les possibilités de questions adverses. Ces questions existent évidemment. Mais elles sont à étudier dans un deuxième temps.
Après que l'élève aura assimilé la première étape, viendra la contradiction, puis la réhabilitation, puis la nouvelle contradiction, etc... avec bien sûr des ouvrages plus complexes.
En fait, rien de spécial et lunaire. J'y verrai plutôt quelque chose de visionnaire pour l'époque (et que beaucoup font aussi, mais sans rien expliquer!)
Evidemment c'est incompréhensible pour la génération Stockfish qui ''sait tout'' et juge tout instantanément... sans rien comprendre (ou si peu...).
Moi, cela m' a grandement aidé pour avancer, entre 12 et 15 ans, sans être tout de suite confronté à plein de questions trop dures et décourageantes, et en étudiant et assimilant quand même des thèmes extrêmement utiles. Merci à ceux qui m'avaient mis le livre dans les mains.
3) @ArKheiN : Effectivement, le problème de De7 réside dans l'exposition à Cd5. Mais proposer De7 comme alternative à e5xd4 est absolument essentiel pour la compréhension de la partie. Même si c'est mauvais. Il faut citer le coup car c'est toute la stratégie noire de maintien des pions au centre qui en découle. Dans d'autres ouvertures de pions-rois, comme la Philidor, De7 est très logique car les noirs jouent c6 (xd5) et pas Cc6. Quant au fou f8, il peut trouver sa place après h6 et g6 ou même h6 et g5 (!?) avec 0-0-0. Aujourd'hui on voit bien De2 (bloquant le fou f1) dans la Caro-Kann !
Plus tard, quand on étudie la Steinitz, on peut voir d'autres tentatives noires pour maintenir e5. Mais elles échouent aussi.
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De7 pour maintenir le "strong point" comme il est parfois appelé, est utilisé notamment dans la vieille variante de l'Italienne quand les Noirs ont joué Fc5 puis laissé faire c3-d4. Le fait d'avoir le fou en b6 au lieu de f8 change aussi des choses, ainsi que le fait d'avoir le cavalier hors de c3. On retrouve aussi ce thème dans la Steinitz différée, justement, avec le fou en g7, avec une sorte d'Est-Indienne du pion roi.
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J'ai eu comme premiers livres les classiques de chez Payot dont les Euwe que j'ai beaucoup appréciés, on aurait tant de choses à apprendre en lisant des vieux ouvrages, même à rejouer des schémas "démodés" mais développés par des esprits brillants de l'époque, tout en gardant l'esprit critique de notre époque, mais en gardant un respect et des nuances pour ce qui se faisait avant.
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Oui. Tout à fait. De7 a même été une arme de Euwe comme dans sa célèbre et magnifique partie contre Tartakower, jouée aussi en 1948 (comme la plupart des parties du livre). Là, il pouvait jouer De7 car il s'agissait d'une Italienne avec c3 et pas Cc3.
Dans son livre, pour ses élèves, Euwe semble généraliser le côté mauvais de De7 (on ne joue pas un coup comme ça). Il a raison, même si c'est partiellement inexacte et qu'il le sait. Mais sa pédagogie prend en compte les progrès du lecteur/élève qui n'est pas encore prêt à un tel coup (mais adaptable dans d'autres circonstances). Ce n'est pas un concept faux (DocteurPipo dixit). C'est une étape.
A côté du gentil Dr.Euwe pédagogue (Dr Jekyll), le redoutable Mr. Max joueur (Mr Hyde) : un quasi-chef d'oeuvre :
Tartakower,S - Euwe,M [C53]
Venice Venice, 1948
1.e4 e5 2.Nf3 Nc6 3.Bc4 Bc5 4.c3 Bb6 5.d4 Qe7 6.0-0 d6 7.h3 Nf6 8.Re1 0-0 9.Na3 Nd8 10.Bf1 Ne8 11.Nc4 f6 12.a4 c6 13.Nxb6 axb6 14.Qb3+ Ne6 15.Qxb6 g5 16.Bc4 h6 17.h4 Kh7 18.hxg5 hxg5 19.dxe5 dxe5 20.Be3 Rh8 21.g3 Kg6 22.Kg2 Nf4+ 23.gxf4 Bh3+ 24.Kg3 gxf4+ 25.Bxf4 Qd7 26.Nh2 exf4+ 27.Kxf4 Rh4+ 28.Ke3 Bg2 29.Nf3 Rxe4+ 30.Kxe4 Nd6+ 31.Kd3 Qf5+ 32.Kd4 Qf4+ 33.Kd3 Qxc4+ 34.Kc2 Bxf3 35.b3 Be4+ 36.Kb2 Qd3 37.Rg1+ Kf7 38.Rac1 Qd2+ 39.Ka3 Nc4+ 40.bxc4 Rxa4+ 41.Kxa4 Qa2+ 42.Kb4 Qb2+ 0-1

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Une partie merveilleuse en effet , qui figure en bonne place dans le livre "Les Prix de beauté" de LE LIONNAIS. (je ne me rappelle pas si elle a eu un prix de beauté, par contre)
Pour ceux qui voudraient voir la partie au bureau , un lien :
https://www.chessgames.com/perl/chessgame?gid=1156038
Une superbe attaque qui prouve ,s'il en était besoin, que même les Champions à la réputation de joueurs positionnels,(comme EUWE, BOTVINNIK, PETROSIAN, KARPOV ) étaient aussi de formidables tacticiens .
Pour reprendre l'expression de Chemtov, il s'agit d'un chef-d'Euwe...
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