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Bacrot... Quand Prié a appris à Etienne Bacrot à jouer aux échecs, il lui a appris la scandinave. Ou est le mal ? Je ne pense pas que les qualités du joueur d'échecs s'expriment au mieux sans rapport à une ouverture déterminée, sans repère, mais qu'ils ont plus à l'aise dans ce qu'ils connaissent. Autrement dit, les compétences et les qualités de tout à chacuns ne s'expriment au mieux qu'au travers de leurs propres expériences, de leurs propres parties, sans pour autant considérer qu'ils ne savent jouer que ça ou encore qu'ils ne sauraient pas jouer autre chose. Imaginez un instant vouloir parler de sujets, de choses, qui vous dépassent, sans même en maîtriser la langue ! La bataille est perdue d'avance... Le jeu d'échecs consiste en deux phases (et c'est projetable) : 1° apprendre la langue (technique) 2° savoir ce qu'il faut dire pour être dans le vent (pour être compris) et c'est le talent ou l'intelligence. Je ne sais pas quel est l'ordre exact, mais il est clair qu'on a beau maîtriser le vocabulaire, si on a rien à dire, en vers ou en prose, on aura l'air stupide. De même, si l'on dispose d'une finesse intelectuelle inavouée, sans les mots pour l'exprimer, vous ressemblerez à Rainman... Je n'ai jamais trouvé autant enrichissant que de m'imprégner des parties commentées d'un GMI d'élite, sur des ouvertures que je ne joue pas et que je ne jouerai jamais, pour comprendre ses sensations, approcher son talent, en étant toutefois paradoxalement certain de ne jamais pouvoir l'égaler...
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